Dimanche 22 mars, sixième jour de confinement, aujourd’hui je devais vous accompagner au Marquenterre, j’espère bien le faire dès que possible ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un oiseau rare mais magnifique : le le Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (hier l’erreur était bien évidemment « tiens voilà du boudin » qui n’est pas le chant du Pinson d’Afrique du Nord mais de la Bouscarle de Cetti).
L’origine du nom bouvreuil vient probablement de bœuf. En anglais c’est bullfinch, bull taureau et finch pinson, le pinson taureau. En allemant Gimpel qui signifie nigaud ! En italien ciuffolotto petite flûte.
« Le ciel gris d’hiver pèse sur les bois, mais la neige tombée dans la nuit leur prête sa lumière et ourle de blanc chaque rameau. (…) Le voici soudain, perché dans les hautes branches, un beau bouvreuil dont la poitrine rose vif se gonfle comme un fruit mûr éclatant de santé, inattendu dans ce cadre sévère. » P. Géroudet
Il existe 7 espèces de bouvreuil dans le monde mais une seule en Europe. Le Bouvreuil pivoine fait lui aussi partie des Fringillidés. Il vit dans les bois, les grands jardins, les parcs, les cimetières, si il y trouve des conifères. Il est sédentaire et comme souvent migrateur dans les pays du nord-est comme la Russie. Calme, discret, il est peu farouche, on le voit cependant rarement. C’est un granivore qui comme les autres attrape quelques insectes l’été, il consomme les bourgeons des conifères et des fruitiers. Il fait son nid en coupe dans les arbres.
C’est un bon gros oiseau, il est grand et massif, (plus gros qu’un moineau). Un bec court et noir, une grosse tête et une calotte noire, un gros cou, un barre alaire blanche comme les autres fringillidés. Le mâle arbore une poitrine allant selon les saisons du rouge au rosé, ce qui lui vaut le terme de pivoine, tout à fait approprié. La femelle est plus terne, la coloration plus douce de son plumage contraste avec celle du mâle. On les voit souvent ensemble surtout l’hiver.
Les allemands l’appellent nigaud et effectivement il passait pour un faible d’esprit auprès des oiseleurs qui l’attrapaient facilement en profitant de sa confiance et de son naturel peu farouche qui lui fait répondre aux appels de ceux-ci. (Évidemment le bouvreuil, comme presque tous les oiseaux, est totalement protégé et il est bien sur interdit de le capturer). Son chant discret et peu bruyant est facilement imitable.
Le Bouvreuil pivoine s’adapte très bien au froid et à la neige. Il semble que les populations de bouvreuils, avec le réchauffement climatique, remontent pour nicher plus au nord. La densité de l’espèce est relativement faible, on trouve en moyenne 4 couples sur 100 hectares.
Le couple de bouvreuil est fidèle et semble très uni. Il semble que ce soit le mâle qui choisisse l’implantation du nid, mais c’est la femelle qui le construit. La femelle couve 4 à 6 œufs roses. Le mâle vient la nourrir la femelle pendant la couvaison. Après l’éclosion les 2 parents nourrissent les petits. A la sortie du nid, les jeunes sont encore nourris quelques jours par le mâle, la femelle étant souvent occupée par une nouvelle nidification. Les nids sont fréquemment prédaté par des geais, des corneilles ou des mustélidés. Environ 50 % des jeunes s’envolent du nid.
Le bouvreuil pivoine est en déclin important en France et dans le Pas-de-Calais. Cela est dû à la destruction de son habitat avec la réduction des lisières de bois et des haies. Les zones de nidifications et de nourrissage disparaissent. Nous sommes le département de moins boisé de France et l’agriculture intensive pratiquée surtout dans le sud du département a des conséquences extrêmement importantes sur la biodiversité. L’usage des herbicides est très impactant pour l’espèce qui ne trouve plus les graines nécessaires pour survivre. Les pesticides sont en train de décimer le Bouvreuil pivoine qui est un des oiseaux les plus menacés de nos régions et l’une des espèces les plus rares parmi les oiseaux granivores vivant chez nous. Au risque de me répéter : les pesticides et les produits phytosanitaires utilisés pour protéger les cultures déciment les oiseaux des champs, le Bouvreuil pivoine, la biodiversité en général et certainement l’Homme. Pour couronner le tout, il m’apparaît important de signaler qu’en Belgique le piégeage du bouvreuil reste autorisé ! On peut l’acheter sur des sites de vente sur internet dans des conditions frauduleuses. Le bouvreuil n’est pas un animal domestique et il est totalement protégé en France. (Ci-joint avec les magnifiques photos de Marcel, 2 photos honteuses d’un site belge)
Une des façons d’aider le bouvreuil est de laisser des herbes folles monter en graines dans un coin en friche de votre jardin.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceBP.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Marcel Martel
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien
Jean François
L’erreur d’hier : les œufs du bouvreuil ne sont pas roses mais bleutés avec de petites taches marron