Lundi 23 mars, septième jour de confinement, vous êtes de plus en plus nombreux à suivre cette chronique ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un petit ramoneur : le Rougequeue noir Phoenicurus ochuros.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : les œufs du bouvreuil ne sont pas roses mais bleutés avec de petites taches marron).
Le nom rouge-queue vient bien évidemment de la couleur de sa queue qui n’est pas rouge mais orange ! En allemand c’est pareil : Rotschwanz, rot rouge et Schwanz queue, en anglais : redstart, red rouge et start ancien anglais queue (le Red star c’est aussi une équipe de foot, en quarantaine en ce moment, mais ça n’a rien à voir…). Dans l’antiquité, les grecs pensaient que le rouge-gorge et le rouge-queue était le même oiseau qui changeait de plumage : l’été rouge-queue et l’hiver rouge-gorge. (le rouge-queue migre et ils ne le voyaient pas l’hiver)
« Campé sur la cheminée, il ne cesse de lancer ses brèves phrases grésillantes que pour happer lestement une mouche par une rapide voltige, ou pour descendre dans la cour et piquer quelques proies au sol. » P. Géroudet
La famille Rougequeue (Phoenicurus) compte 4 représentants dans le paléarctique occidental (un gros mot qui fait peur pour désigner l’Europe, la Russie occidentale, le nord de l’Afrique et le Moyen Orient) : le Rouge-queue à front blanc, que l’on trouve aussi l’été dans le Pas-de-Calais, le Rougequeue noir, le Rougequeue de Moussier (Afrique du nord) et le Rougequeue de Güldenstädt (Kazakhstan). En Australie on trouve un Noirqueue rouge, mais d’une famille totalement différente.
A l’origine, le Rougequeue noir vivait uniquement en montagne sur les falaises, les blocs rocheux et dans les broussailles. On le trouve maintenant pratiquement partout en France, dans les villages et les villes où les murs de nos bâtiments remplacent les falaises. Le Rougequeue noir est un migrateur partiel, cependant, avec les hivers doux que nous rencontrons depuis plusieurs années, il a tendance à passer de plus en plus souvent la « mauvaise » saison chez nous.
Le Rougequeue noir n’est pas bien connu, de loin il paraît tout noir et on ne fait pas trop attention à lui. Et pourtant, « le ramoneur », comme on l’appelle encore dans certaines régions à cause de sa couleur suie, chante bien souvent à côté de chez nous, en haut d’un toit, d’une cheminée ou d’une antenne… Son chant est bien particulier et on le mémorise facilement : d’abord une petite succession de notes flûtées puis un drôle de bruit de papier froissé ou de verre pilé que l’on écrase et enfin la ponctuation finale se fait avec une note claire. Sa queue est agitée constamment par un tremblement, toujours dans l’axe du corps, il ne lève pas la queue.
Presque exclusivement insectivore (il a un bec fin caractéristique), il passe sa journée à chercher des proies le long des murs, il vient aussi au sol, ou vole au-dessus de la pelouse, peu farouche, souvent bien en vue, mais reste relativement loin de l’homme. Souvent il se perche sur un piquet, un muret ou une pierre pour plonger sur un insecte qui passe. Coléoptères, Diptères, fourmis… tout y passe, on l’a même accusé à tort de se nourrir d’abeilles, ce qui est faux, il ne chasse ni abeille ni guêpe, seulement les Hyménoptères sans dard et donc inoffensifs.
Il fait son nid toujours dans un coin sombre : dans les trous et fissures des maisons, des ruines ou des falaises, sous les toits, sur les poutres des granges, sous les tuiles… Il n’est pas difficile, mais parfois en concurrence avec le moineau. C’est la femelle seule qui construit un gros nid un peu grossier. Elle pond mi-avril souvent 5 œufs, le mâle la ravitaille et les 2 nourrissent les petits. Le mâle est parfois bigame et s’occupe alors de deux dames et de deux nids. Le taux d’envol des jeunes est important, de l’ordre de 80 %.
Le Rougequeue noir est largement répandu et souvent commun. Il n’est pas considéré comme menacé par Birdlife International. Cependant, comme pour les moineaux ou les hirondelles, le fait que les maisons soient maintenant totalement hermétiques à cause de l’isolation, pose quand même un problème. L’emploi d’insecticides est aussi fort préjudiciable à l’espèce.
Comment l’aider ? Le Rougequeue noir est presque totalement insectivore, il ne vient pas aux mangeoires. Vous pouvez cependant le favoriser en créant une petite mare par exemple, qui attirera quelques insectes. Vous pouvez aussi installer des nichoirs pour semi-cavernicoles sur un mur ou sous un couvert dense, dans un endroit calme et assez sombre.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceRQN.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Marcel Martel, Didier Plouchard, Serge Larivière, Simon Guegaden
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien
Jean François
Crédit photo : Marcel Martel, Didier Plouchard, Serge Larivière, Simon Guegaden
L’erreur d’hier : le Noirqueue rouge n’existe pas, même en Australie