[Un jour, une espèce] Grand-Duc d’Europe

Lundi 11 mai, c’est la dernière chronique, vous avez été très nombreux à nous suivre chaque jour et à liker les pages ou les photos. Un livre regroupant toutes les chroniques est en préparation, les ventes se feront au profit de la lpo62, qui en a bien besoin en ces temps difficiles, merci à vous ! Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un prince géant : le Grand-duc d’Europe Bubo bubo.

Attention : Aujourd’hui, aucune erreur ne s’est glissée dans le texte, enfin, je l’espère (L’erreur d’hier : La Sarcelle d’hiver ne niche pas dans les arbres comme le font certains canards comme les harles).

Il y a plusieurs hypothèses pour l’origine du nom Grand-duc. Duc vient du latin dux, chef ou alors des aigrettes qui forment une couronne comme pour les ducs. En allemand c’est Uhu, en italien Gufo reale, en anglais eagle-owl (hiboux aigle) et en espagnol bùho real.

« Au petit jour, le géant nocturne passe de nouveau, dépose une proie sur une corniche et s’arrête un instant ; deux cornes se dressent au sommet de sa silhouette noire. » Paul Géroudet

Le Grand-duc d’Europe est le plus grand des rapaces nocturnes (75 cm de haut), il est de la famille des strigiformes, c’est un sédentaire. Le Grand-duc est un oiseau paisible, qui se nourrit de nombreuses proies, il niche souvent dans les rochers. Quelques rares couples nichent dans le Pas-de-Calais. Le Grand-duc dégage une impression de puissance, il a deux longues aigrettes mobiles sur la tête, un plumage cryptique et des yeux oranges.

Le Grand-duc d’Europe est de mœurs nocturnes, la journée il se repose, entretient son plumage… On l’entend en soirée, il chante avant le coucher du soleil. Sa voix est grave et sourde « Houuuuuhou… » avec la deuxième syllabe qui descend. Il répète son chant régulièrement. Il a une ouïe et une vision remarquables. Son vol silencieux et superbe est aisé, il dégage un sentiment de puissance. Il chasse à l’affût, en volant ou au sol et consomme tous les animaux qu’il rencontre, pourvu qu’ils ne soient pas trop gros : des mammifères ; campagnols, lièvres, hérissons, chauves souris, chats, renardeaux… des oiseaux ; canards, faisans, pèlerins, hulottes, pigeons… il consomme également poissons, amphibiens, insectes… La variété des proies est très grande. Sur le territoire du couple de Grand-duc (d’un rayon moyen de 6 km) les autres prédateurs, carnassiers ou rapaces, sont peu nombreux, leur population est régulée par le maître des lieux. Il n’est pas nécrophage, il ne consomme que des proies qu’il a tuées, même si il fait quelquefois des réserves, en particulier pendant la nidification. Il consomme environ 450 grammes de viande par jour. Les proies sont tuées sur le coup par la pression des serres, il les décapite sur le champ et avale la tête sur place. Puis il emmène les proies sur un reposoir où il plume les oiseaux, écorche les hérissons et déchiquette les proies plus grosses avant de les consommer. Il dispose de plusieurs reposoirs sur son territoire. Le Grand-duc régurgite de grosses pelotes coniques d’une taille moyenne de 3 sur 9 centimètres. Elles sont relativement fragiles et les os qu’elles contiennent sont souvent broyés, on y trouve trois ou quatre proies. L’analyse des pelotes révèle une consommation moyenne de : 80 % de mammifères, 16 % d’oiseaux, le reste étant composé de reptiles, amphibiens, poissons, insectes… Le régime du Grand-duc est cependant très variable en fonction des saisons et des biotopes.

Le Grand-duc occupait pratiquement toute l’Europe, avant que l’homme, voyant en lui une concurrence intolérable, ne le déclare nuisible. Persécuté par les chasseurs, il a failli disparaître. Il s’en est fallu de peu. De nos jours, il est strictement protégé, mais on ne le trouve plus guère que dans le sud est du pays et principalement dans des zones montagneuses peu accessibles. Pour la nidification, le Grand-duc choisit des sites escarpés, des falaises, des parois verticales, des anciennes carrières. Il niche souvent sur une plate-forme dominée par un surplomb ou une petite grotte, souvent caché dans la végétation buissonnante. Le couple parade en hiver, gratte un peu le sol du nid, y ramène parfois un peu de matériaux. La ponte a lieu en fin d’hiver, souvent deux ou trois œufs grisâtres pondus avec un intervalle de trois jours. La femelle couve seule pendant 35 jours environ. Le mâle la nourrit au nid, lui ramenant des proies pendant la nuit. Après l’éclosion, la femelle reste encore au nid pendant environ une semaine, le mâle ramène les proies qui sont déchiquetée par la femelle qui nourrit les petits. Puis les deux parents nourrissent. Les jeunes savent voler vers 10 semaines, ils n’ont leur plumage d’adulte qu’à l’été. À l’automne, les jeunes se dispersent. Il y a quelques cas de syngénophagie (cannibalisme des aînés) , quand les proies pour nourrir les petits sont rares. Le succès de reproduction est d’environ 50 %. le Grand-duc d’Europe peut vivre à l’état sauvage jusqu’à vingt cinq ans, le taux de mortalité de la première année après l’envol est de 70 %. Le Grand-duc n’a pas de prédateur naturel.

Le Grand du d’Europe est fréquemment victime des câbles électriques ou de percussion avec les véhicules. Il est sensible en montagne, au même titre que l’aigle ou le vautour, aux activités de loisir comme la varappe, qui provoquent l’abandon du nid. Le Grand-duc est toujours braconné, même si les condamnations sont de plus en plus sévères. Les nids sont quelquefois pillés par des collectionneurs d’œufs. Il est également sensible aux pesticides agricoles utilisés contre les rongeurs.

Même si les populations de Grand-duc semblent remonter depuis le début du siècle et si quelques couples regagnent des territoires perdus, l’espèce est loin d’être à son niveau le plus haut. Le Grand-duc d’Europe figure toujours sur la liste rouge de l’uicn des espèces menacées de disparition.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/grand-duc.d.europe.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les rapaces d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard, Aurélie Delaval. (Vous trouverez également avec les photos, la couverture de l’ouvrage qui va regrouper toutes ces chroniques)

Merci à tous les photographes de la LPO62 qui ont nous on fait partager leurs magnifiques clichés.

Vous pouvez nous contacter au 03 21 11 87 26 ou par mail : pas-de-calais@lpo.fr

À bientôt sur nos sorties !

Jean François

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