[Un jour, une espèce] La Sarcelle d’hiver

Dimanche 10 mai, Cinquante cinquième jour de confinement (J -1). Demain, beaucoup de monde reprendra le travail, mais la crise n’en est pas pour autant terminée. N’oublions pas les dangers qui nous menacent : la biodiversité qui s’écroule, la fracture sociale qui s’amplifie, le réchauffement climatique… quel monde laisserons-nous à nos enfant ? Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un canard masqué : la Sarcelle d’hiver Anas crecca.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : Le Pic vert n’équipe pas sa loge de système d’évacuation des fientes.)

Le nom de sarcelle vient du latin querquedula et d’hiver puisque ce canard migrateur n’était présent chez nous que l’hiver. En allemand Knäckente (ente=canard et knäk=son cri), en anglais teal, en espagnol cerceta, en italien alzavola.

« On servait souvent des sarcelles à la table des Romains ; elles étaient assez estimées pour qu’on prît la peine des les multiplier en élevant en domesticité, comme les canards. » George Louis Leclerc Buffon

La Sarcelle d’hiver fait partie de la famille des Anatidés, c’est un canard de surface, partiellement migrateur, les populations du Nord et de l’Est de l’Europe passent l’hiver chez nous. La Sarcelle d’hiver est nicheuse dans le Pas-de-Calais. On la trouve souvent en groupes importants dans les baies, les étangs, ou les mares, elle niche dans les arbres. La Sarcelle d’hiver est le plus petit canard d’Europe, (325 grammes en moyenne) le mâle a la tête brune avec un masque vert sur l’œil, un trait alaire blanc souligné de noir et des sous-caudales jaunes tendre. La femelle est plus terne : beige tacheté de brun plus foncé. Quand il mue, le mâle a un plumage d’éclipse très semblable à celui de la femelle. Le couple a un miroir vert bordé de noir sur l’aile en toute saison.

Les Sarcelle d’hivers sont des canards barboteurs de surface, elles sont cependant capables de plonger pour se protéger d’un prédateur ou pour parader. Elles sont grégaires. On les voit peu au sol où elles ne sont pas à l’aise. Leur vol est aisé et rapide, souvent en groupe, elles décollent sans élan. La bande est coordonnée, elle change brusquement de direction ou d’altitude et se pose de nouveau sur l’eau par un vol en piqué. La sarcelle a une alimentations assez variée, elle filtre la vase avec son bec et en extrait : graines aquatiques, joncs, carex, algues… et des invertébrés, larves, mollusques… En groupe, elle se nourrit dans les zones humides en eau douce ou saumâtre peu profondes. Elle se nourrit plutôt en soirée et la nuit et se repose la journée au milieu des plans d’eau.

En période nuptiale les mâles sont bruyants et sifflent. On dit qu’ils trufflent. La femelle est beaucoup plus discrète. La parade des mâles est surprenante, elle a lieu dès novembre, il y a souvent plusieurs mâles pour une femelle. Ils sifflent, tournent autour des femelles, lèvent les ailes et la queue, jettent la tête en arrière, mettent le bec sous l’eau, plongent… Cette parade se répète pendant plusieurs jours. C’est la femelle qui choisit le mâle. Le couple part alors vers le lieu de nidification, c’est la femelle qui choisit celui-ci, elle retourne en général où elle est née. Elle construit le nid caché dans les herbes ou les roseaux, avec des brindilles, de l’herbe, des feuilles et du duvet qu’elle arrache de son plumage. Mi avril, elle pond une dizaine d’œufs crèmes, un peu verts, elle couve pendant trois semaines et ne quitte que rarement le nid. Dès la ponte, le mâle abandonne la femelle (comme le font généralement les canards). Les petits sont nidifuges, ils suivent leur mère qui leur apprend à se nourrir. Le soir, la femelle continue à les protéger dans le nid pendant quelques jours. Après un mois, les canetons prennent leur envol. Il n’y a en général qu’une seule couvée annuelle. Les nids peuvent être prédatés par le rat, la fouine ou le renard… Le pourcentage de réussite d’une couvée est estimé à 40 %. L’espérance de vie est d’une douzaine d’année.

La sarcelle d’hiver est très sensible au froid. Lors des hivers rigoureux, les populations locales partent pour le sud de la France, en Camargue par exemple.

La Sarcelle d’hiver est chassée à la hutte, la nuit, 300 000 Sarcelles d’hiver sont tuées chaque année en France (chiffres OFB). Elle est vulnérable à la dégradation des zones humides, elle est aussi très sensible à l’intoxication par le plomb, en Camargue 13 % des sarcelles ont au moins un plomb dans le gésier (étude OFB).

https://www.oiseaux.net/oiseaux/sarcelle.d.hiver.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard, Christophe Deswartvaeger.

A demain avec un le plus grand

Jean François

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