Samedi 9 mai, Cinquante troisième jour de confinement (J -2). Un dernier week-end avant d’être en liberté conditionnelle. Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau myrmécophage : le Pic vert Picus viridis.
Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : Le faisan ne dort pas sur les fils électriques, par contre il dort bien dans les arbres.)
Le nom Pic vert vient du verbe piquer et de la couleur de l’oiseau. En allemand Grûnspecht (pic vert), en italien picchio verde (pic vert), en anglais green woodpecker (pic vert), en espagnol Pájaro carpintero (l’oiseau charpentier)
« Le Pic vert est certainement le plus connu de tous les Pics, non seulement à cause de son beau plumage et de sa taille, mais encore parce que ses cris et ses allures frappent l’attention. » Paul Géroudet
Le Pic vert fait partie de la famille des Picidés. Il est sédentaire, il niche dans les grands parcs, les bois et les vergers. On le voit souvent à terre, dans les pelouses ou dans les parcs, où il se nourrit de fourmis. Il est commun et pas trop farouche. Il a le dessus vert, une calotte rouge vif, un long bec fort, le tour de l’œil est noir et il a une épaisse moustache (noire pour la femelle et noire avec un trait rouge au centre pour le mâle). En vol onduleux, on voit son croupion jaune. Une sous espèce Picus sharpei se rencontre dans le sud-ouest de la France.
Il niche dans une loge qu’il creuse dans les arbres, mais c’est au sol qu’on le voit le plus souvent. Il cherche, dans les pelouses par exemple, avec son bec puissant et sa longue langue gluante (10 cm) des fourmis et leurs larves ou leurs œufs, qui représentent la presque totalité de son alimentation. À l’occasion, il consomme également quelques limaçons ou vers de terre, ainsi que quelques insectes xylophages dans les arbres, mais la base de son alimentation est essentiellement myrmécophage (qui se nourrit de fourmis). Le Pic tambourine rarement mais son chant est puissant et dynamique, selon les régions on dit que le pic pleupleute ou picasse, son chant ressemble à un ricanement moqueur qui va decrescendo sur la fin « kia kiakiakiakiakia… ». La nuit, le Pic vert rejoint sa loge pour dormir.
Comme tous les pics, les Pics verts sont de grands solitaires qui ne tolèrent pas d’intrus de la même espèce sur leur territoire. Ils ont le même comportement avec leur partenaire, mais se reconnaissent très vite à la couleur de leurs moustaches. La période des amours commence en janvier/février. En mars ou avril, le couple réutilise un nid existant ou fore une nouvelle loge dans un vieil arbre ou dans un peuplier au bois tendre, à une hauteur d’environ quatre mètres. C’est le mâle qui effectue la plus grande partie du travail, qui dure en général deux semaines. Le trou d’envol mesure environ 6 cm de diamètre, il est un peu ovale (plus haut que large), la loge a une profondeur de 40 cm en moyenne, la chambre est large d’environ 18 cm avec à la base de la loge un trou diagonal pour l’évacuation des fientes. La femelle pond en moyenne 6 œufs blancs à même le bois qui colore parfois un peu les œufs. L’incubation dure en moyenne 16 jours, c’est essentiellement le mâle qui couve, le femelle ne le remplace que peu en journée. Les deux parents nourrissent en dégorgeant dans le gosier des petits des balles de fourmis. Les parents évacuent les fientes en début de nourrissage. En moyenne, les petits restent au nid pendant un peu moins de quatre semaines. Les jeunes se dispersent fin juillet. Les loges des Pics verts sont réutilisés par les mésange, les sittelles ou les étourneaux… Le Pic vert est prédaté par l’autour ou le faucon pèlerin. Son espérance de vie est d’une petite dizaine d’années.
Le Pic vert est largement répandu, il souffre cependant de la modification de son habitat : la coupe des vieux arbres ou la suppression des haies. Il est également victime de l’emploi d’engrais azotés néfastes aux fourmis. L’utilisation de produits phytosanitaires, pesticides en granulés, pièges à appât, spray… utilisés pour éliminer les fourmis dans les pelouse lui est évidemment très néfaste. Ces produits le sont aussi pour les humains et le animaux domestiques. Les hivers fortement enneigés provoque une diminution importante des populations. Le Pic vert est également fréquemment victime de collision avec les véhicules.
Il est important de conserver en milieu agricole des secteurs d’alimentation comme les prairies, les haies, les vergers avec de vieux arbres…
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Didier Plouchard, Christophe Deswartvaeger. Geslaw Sellier, Simon Guegaden.
A demain avec un petit canard
Jean François