[Un jour, une espèce] Le Faisan de Colchide

Vendredi 8 mai, Cinquante et unième jour de confinement (J -3). La fondation Nicolas Hulot (https://letempsestvenu.org/) met en avant 100 principes, par exemple : « d’appréhender l’ensemble des crises écologiques, climatiques, sociales, économiques et sanitaires comme une seule et même crise : une crise de l’excès. ». Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau de chasse : le Faisan de Colchide Phasianus colchicus.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : le colvert mâle n’abandonne pas la cane après l’acte, il reste avec elle pour la défendre jusqu’à la ponte.)

Le nom du Faisan de Colchide vient du fleuve Phase qui coule en Colchide (actuelle Géorgie)  et se jette dans la mer Noire. En allemand Jagdfasan (faisan de chasse), en anglais pheasant, en italien fagiano, en espagnol faisdn.

« Dans l’Antiquité, on assurait que Jason et ses Argonautes avaient rapporté le Faisan de leur expédition en Colchide et l’avait introduit en Grèce. » Paul Géroudet

L’origine de Faisan de Colchide est asiatique, on trouve des populations sauvages dans le Caucase et à l’est de la mer Noire. Les faisans français sont tous issus de lâchés cynégétiques. Il fait partie de la famille des Phasianidés comme les perdrix, la caille, les tétras, la gélinotte ou le lagopède. Sédentaire, il vit dans les zones arborées proches des terres cultivées, il passe la nuit dans les arbres, se nourrit de végétaux et d’insectes et il niche au sol. Il a le corps brun orné de nombreux motifs délicats, une très longue queue, la tête foncée, un collier blanc (pour les espèces les plus proches de la souche) et des caroncules rouges.

Les faisans que l’on trouve chez nous sont issus de multiples croisements effectués depuis de très nombreuses années et doit être très éloigné génétiquement des faisans introduits en Europe au Moyen-âge. On voit le Faisan de Colchide facilement et régulièrement dans les champs et les prés de nos campagnes, il est le seul gallinacé dans ce cas. Le faisan passe sa journée à pâturer dans les champs ou les prés qu’il arpente à pied. Il n’est jamais trop loin des arbres ou d’une zone de repli,, comme les champs de maïs par exemple. Comme les poules il se roule dans la poussière des champs (chez nous on dit qu’il fait « pourette ») pour se débarrasser des parasites. En milieu de journée, il se repose. Le soir, il se perche sur les arbres ou sur les fils électriques, quelquefois assez haut, pour y passer la nuit, les jeunes dorment fréquemment au sol.

On voit souvent le Faisan de Colchide en petits groupes, un ou deux mâles (coqs) avec plusieurs femelles (poules). Ils sont plus ou moins farouches, les sujets d’élevage le sont beaucoup moins que ceux qui ont survécu à une saison de chasse. Quand on le surprend, son premier réflexe est de partir en courant, mais si on est proche de lui, il s’élève en volant lourdement à la verticale en criant, puis part tout droit devant lui à quelques petites centaines de mètres avant se poser et reprendre sa course à pied. La femelle près du nid se colle à terre, les ailes étendues au sol, comptant sur son plumage cryptique pour passer inaperçue. Son chant ressemble au vieux klaxon de la voiture de Gaston la gaffe : « Kreukeurk », bruyant et râpeux.

L’alimentation du Faisan de Colchide est très éclectique mais essentiellement végétale. Les jeunes mangent plutôt des fourmis, pucerons, coléoptères… Il gratte le sol avec ses pattes puissantes. Le faisan consomme en moyenne 110 gramme de végétation, herbes, grains ou baies par jour. Il ingère régulièrement des petits cailloux ou du gravier pour faciliter le broyage des aliments dans le gésier. Il est beaucoup dans le maïs qui lui procure abri et nourriture. Pendant l’élevage des poussins, la femelle recherche limaces, lombrics et myriapodes… L’agrainage effectué par les sociétés de chasses est souvent important, l’apport supplémentaire de blé permet d’augmenter le nombre de faisans résistant à l’hiver.

Les Faisans de Colchide sauvages, dans leur biotope d’origine, vivent en plaine dans les fourrés ou les arbres, proches du bord de l’eau. Les faisans introduits cherchent le même type de milieu, mais les lâchers ont lieu quelquefois dans des biotopes totalement inadaptés pour l’espèce. En février mars, le mâle faisan (jeu de mot) marque son territoire en faisant le tour chaque jour de la même façon, en s’arrêtant sur des points fixes pour chanter, fier comme un coq, et affirmer sa possession des lieux. Le nombre de femelles étant plus important que le nombre de mâle, celui-ci pratique la polygynie et se reproduit avec 5 ou 6 poules. Il parade, en gloussant, tourne autour d’elles, gonfle son plumage, laisse ses ailes pendre et étale sa queue sur le sol… La femelle construit le nid, en grattant le sol et en y ramenant quelques végétaux, le nid est en général bien caché. Les pontes ont lieu entre mars et juin. Une dizaines d’œufs bruns sont pondus en moyenne, un œuf chaque jour, elle couve seule pendant 23 jours. Les jeunes, nidifuges, sont protégés par la mère pendant environ cinq semaine. Le pourcentage de réussite des nichées est très variables, en moyenne la moitié des petits survivent. La prédation des nids est importante et la nichée est souvent victime des récoltes ou de l’entretien des cultures. Les poules (issues de captivité) qui effectuent leur première ponte le font souvent dans des lieux aberrants et sans même construire l’ébauche d’un nid : sur des meules, sur un chemin, dans le sillon d’un tracteur et même dans les arbres ! Le pourcentage de réussite est alors très faible et bien souvent les œufs sont abandonnés.

La chasse tue environ 3 millions de Faisans de Colchide chaque année (OFB), la plupart sont des oiseaux d’élevages lâchés depuis moins d’un an. Plus de 10 millions de faisans sont lâchés chaque année en France (OFB). Selon les territoires, dans le Pas-de-Calais, les populations férales sont cependant assez importantes.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/faisan.de.colchide.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Grands échassiers, Gallinacés, Râles d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard, Christophe Deswartvaeger.

A demain avec un oiseau vert.

Jean François

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