Faucon pèlerin

3 jeunes faucons pèlerin à l’envol sur le Dunkerquois

 

pélerin jeune 008Le faucon pèlerin est un oiseau emblématique qui a failli disparaître d’Europe et d’Amérique du Nord dans les années 70 suite à l’emploi de pesticides comme le DDT. C’est l’oiseau le plus rapide du monde, capable de piqués à plus de 250 km/h il chasse en vol des oiseaux de petite et moyenne taille. Bien présent en France dans les massifs montagneux, il commence à s’installer sur le littoral français. Ne construisant pas de nid, il niche habituellement dans les falaises. Voulant donner un coup de pouce à l’espèce dans la région et sensibiliser leurs collègues de travail aux enjeux de la biodiversité, des salariés de l’usine Aluminium Dunkerque, conseillés par le groupe LPO Audomarois, ont fait installer à l’automne 2008 une plateforme nichoir dans le bardage d’un bâtiment industriel à 68 m de hauteur.

 

 

La réussite ne fut pas immédiate et la plateforme ne fut pas occupée en 2009. La webcam mise en place permettait de suivre la fréquentation de la plateforme mais seulement quelques pigeons domestiques et un faucon crécerelle ont utilisé la plateforme comme perchoir. La plupart des salariés incrédules se demandait alors comment un faucon pèlerin pouvait repérer une telle plateforme et venir s’y installer ? Pourtant, un jour d’avril 2010 fut découvert un couple de faucon pèlerin. La webcam permit d’identifier rapidement que la femelle était baguée (bague métallique et bague plastique de couleur orangée). Elle pondit 3 œufs à deux jours d’intervalle dans la 2° quinzaine d’avril, assez tardivement, ce qui pouvait correspondre à une ponte de remplacement (c’est-à-dire que la première ponte avait vraisemblablement échoué). Cette nouvelle se répandit rapidement dans l’usine, accueillie favorablement et avec fierté par les salariés, le personnel de maintenance se mobilisant pour effectuer des travaux nécessaires dans la zone sans dérangement. La femelle couva une trentaine de jours, relayée parfois par le mâle dans la journée. Cependant, aucun œuf n’éclot cette année et le couple abandonna sa ponte après une quarantaine de jours. Inexpérience du couple ? mauvaises conditions climatiques au printemps ?

Fort de ce premier succès, accueillir un couple de faucon pèlerin, l’équipe projet décida d’installer deux nouvelles webcams de meilleure qualité avec un réglage permettant de prendre des photos à chaque mouvement, ainsi qu’une sonde de température. Sous les conseils de René-Jean Monneret, expert français du faucon pèlerin et de Fabienne David, travaillant pour la mission Rapaces, la LPO audomarois augmenta la couche de petits graviers d’aquarium pour faciliter le creusement par le couple au printemps d’une cuvette réceptacle des œufs. Le projet fut d’ailleurs présenté sous forme de poster au premier colloque national sur le faucon pèlerin à Albi en novembre 2010 et reçut les encouragements d’Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, des frères Terrasse pionniers de la protection des rapaces en France et de Didier Vangeluwe expert de l’Institut Royal de Belgique. A peine installées, les nouvelles caméras nous permirent de lire avec précision la bague orangée T4. Cette information fut transmise à Didier Vangeluwe puis relayée par  Anita van der Landen qui nous informa que la femelle avait été baguée en mai 2006 par Peter Van Geneijgen dans un nichoir sur la tour de télécommunication de Le Mortel, à proximité d’Eindhoven aux Pays-Bas. Nous avons même reçu de nos voisins néerlandais des photos de la femelle lorsqu’elle n’était encore qu’un poussin !

 

De janvier à mars 2011, le couple fréquenta notre plateforme nichoir, avec des visites plus régulières à mesure que le printemps s’annonçait. Ce fut l’occasion d’assister à différentes offrandes du mâle à la femelle, aux salutations, à l’inspection du nichoir puis au grattage de la cuvette au mois de mars. La femelle présenta alors un abdomen gonflé et 4 œufs furent déposés de nuit à 2 jours d’intervalle les 19, 21, 23 et 25 mars. La femelle couva toutes les nuits tandis que le mâle la relaya en moyenne 3 heures par jour et nous inquiéta un peu car il avait du mal à couvrir les 4 œufs malgré ses ailes abaissées. Nous attendions avec impatience l’éclosion des œufs, et 2 poussins minuscules apparurent le 27 avril soit 32 jours après l’éclosion. Dès leur naissance, la femelle découpa des morceaux de proie crus qu’elle leur donna avec attention. Un troisième poussin apparu le 28 avril. Les poussins grandirent à une vitesse étonnante. Le dernier œuf ne donna pas de poussin. Le mâle apporta régulièrement de nombreuses proies que la femelle découpait pour les poussins. A mesure que ceux-ci grandissaient, de nombreuses plumes et fientes tapissaient l’intérieur de la plateforme nichoir et lorsque les jeunes faucons furent capables de se dresser sur leurs pattes ils commencèrent à crépir les parais de leur habitat au point de salir entièrement la caméra et de ne plus être observables que par la caméra externe ! Les plumes de vol commencèrent à poindre à travers le duvet qu’ils perdirent à partir du 30ième jour. Ensuite, tout alla étonnamment vite et les jeunes faucons s’essayaient à gonfler leurs ailes sur la plateforme. Le 6 Juin, soit 40 jours exactement après la naissance, le premier quitta la plateforme. Il nous fit un frayeur car il fut repéré en soirée au sol posé sur une rambarde métallique et ne s’envola pas à l’approche des salariés mais le lendemain il volait aisément, bientôt imités par ses jeunes comparses. Le 8 juin, les 3 jeunes faucons avaient pris leur envol dans le ciel dunkerquois ! Saluons cette belle réussite qui après la nidification spontanée dans un nid de corneilles d’un autre couple de faucons pèlerin sur le site sidérurgique d’Arcelor Mittal (3 jeunes à l’envol en 2008, 1 jeune à l’envol en 2009) permet à notre région d’accueillir à nouveau cet oiseau emblématique. Un groupe créé à l’initiative de François Ryckelynk pour le développement et le maintien du faucon pèlerin dans le dunkerquois réunit des salariés motivés (représentés par Pascal Boulogne et Josiane Licour) de plusieurs entreprises et des naturalistes de la LPO et du GON pour renforcer cette démarche. Nous croisons les doigts pour que le couple vienne à nouveau s’y établir en 2012 !

 

Retrouvez les faucons pèlerins sur http://faucon-pelerin-ad.over-blog.fr/     

 

{tooltip}Serge Risser{end-texte}Président LPO Isère{end-tooltip}

                                                                                      

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