Le phoque sème la zizanie sur la côte d’Opale et en baie de Somme !!!
Des phoques innocents, des pêcheurs en colère, BB indignée: il ne s’agit pas d’une reprise du feuilleton des années 1970/80 au Canada, mais d’une polémique toute fraîche sur le retour du mammifère en baie de Somme et sur la côte d’Opale.
« Le gisement de soles a diminué de 15% en deux ans, selon des chiffres de l’Ifremer », clame Fabrice Gosselin, fondateur d’un « collectif » contre la prolifération des phoques le 18 mai à Etaples (Pas-de-Calais).
Les quelque 600 pinnipèdes désormais présents entre Mers-les-Bains (Somme) et Zuydcoote (Nord) sont accusés d’abîmer les engins de pêche et d’aggraver la raréfaction des poissons. Un veau marin en engloutit au moins 750 kilos par an, un phoque gris, plus d’une tonne.
L’objectif, explique à l’AFP M. Gosselin, qui dirige l’association de pêcheurs à pieds amateurs de la côte d’Opale mais assure avoir le soutien des professionnels, est de rappeler aux pouvoirs publics que les textes qui protègent les deux espèces prévoient si besoin des clauses de « contrôle » des populations.
Il parle de « quotas » de phoques à fixer pour permettre la survie des activités de pêche traditionnelles, les individus en surnombre devant être selon lui déplacés à quelques centaines de km.
Une solution jugée peu efficace par des associations comme Picardie Nature et la Coordination mammologique du Nord de la France, qui soulignent que les animaux déplacés peuvent revenir rapidement.
Qu’à cela ne tienne, M. Gosselin assure qu' »en Grande-Bretagne, pour une population de 140.000 phoques, on en élimine de 4.000 à 8.000 par an depuis 1992″.
Ces perspectives, outre leur efficacité contestée, ont mis les passions à vif, en des termes réminiscents de ceux qui opposent ailleurs les éleveurs aux défenseurs du loup ou de l’ours.
« Personne ne touchera aux phoques », prévient Bardot
Le député-maire UMP du Touquet, Daniel Fasquelle, ayant donné son appui aux pêcheurs, Brigitte Bardot, présidente de la Fondation du même nom, a publié une lettre ouverte datée du 10 juin pour dénoncer dans son style fracassant « la connerie, la lâcheté et la cruauté humaine ».
« Tant que je vivrai, pauvre +collectif+ et autre petit député minables, personne ne touchera aux phoques de France », tonne BB.
Fort du mandat qu’une nouvelle réunion du collectif en juillet lui a donné, M. Gosselin prévient: « Nous n’allons pas nous laisser faire. Nous allons être reçus, sans doute fin septembre, par le patron de la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) du Nord/Pas-de-Calais, et nous comptons bien voir ensuite le ministre de la Mer, Frédéric Cuvillier », qui se trouve être un élu de Boulogne-sur-Mer.
A force d’être chassées pour leur graisse, leur chair et leur peau, le phoque gris et le veau marin avaient pratiquement disparu des parages picards et flamands au début du XXe siècle.
Leur retour a encore renforcé l’image de la côte picarde, déjà connue pour son air iodé et ses espaces naturels. Les ballades pour aller voir les phoques à marée basse font désormais partie du parcours touristique.
« La première sédentarisation à l’année d’un individu fut recensée en 1986 dans la baie de Somme », explique Laetitia Dupuis, responsable chez Picardie-Nature d’un programme d’étude et de protection des phoques (www.picardie-nature.org), qui inclut l’éducation d’un public parfois trop empressé.
On y recense des pointes annuelles de 370 veaux marins (août 2012) et 105 phoques gris (juin 2013) une concentration que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France.
Même si on est encore loin des populations des mers Baltique, du Nord ou d’Irlande, où ils se comptent par dizaines de milliers, le petit groupe se porte bien.
Quelque 58 naissances de veaux-marins ont été recensées cette année en baie de Somme, contre 55 en 2012 et 52 en 2011.
Comme l’énonce un mémoire tout récent d’un étudiant en biologie marine de La Rochelle, Raphaël Savelli, la « déprédation » attribuable aux phoques n’est pas imaginaire.
Mais, souligne-t-il, l’impact réel des phoques sur les ressources halieutiques devra être scientifiquement vérifié et les techniques de pêche adaptées.
AFP
Photographie par C.M.N.F