Samedi 18 avril, trente troisième jour de confinement. Le machaon, ce beau papillon, est venu dans mon jardin. Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau plein de sagesse : la Chevêche d’Athéna Athene noctua.
Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (Les bergeronnettes ne font pas 600 allers/retours par jour, au nid pour nourrir les petits mais 300, ce qui est déjà pas mal !).
Le nom de la Chevêche d’Athéna vient d’une pièce athénienne qui représentait d’un côté Athéna (déesse de la science et de la sagesse) et de l’autre la petite chouette, on la trouve encore de nos jours sur une pièce d’un euro (l’expression pile ou face vient de là, pile Athéna et face de chouette). Le nom latin Athene noctua se traduit par (chouette d’Athéna). En allemand Steinkauz (Kauz=pierre et Stein=chouette), en anglais little owl (petite chouette) en espagnol mochuelo (mocho=écorné ? ), en italien civetta (chouette).
« Ils ne sont pas beaux sans doute, ces chênes et ces saules têtards, mais je les aime pour leur vaillance, pour leur pittoresque et pour l’hospitalité qu’ils donnent aux oiseaux. » Paul Géroudet
La Chevêche d’Athéna est strictement sédentaire, petit rapace nocturne, qui chasse quand même un peu en journée, de la famille des Strigiformes. Elle vit en plaine, dans les champs, les vergers, les bosquets, les près, quelquefois dans les parcs… Elle est assez facile à voir en journée, posée sur un piquet, près du trou qui lui sert de nid. Elle se nourrit de petits mammifères, d’insectes… Elle a la taille d’un gros merle en plus trapue, sa tête est aplatie, elle a 2 gros yeux jaunes, des sourcils froncés et clairs qui lui donnent un air sévère. Le plumage du dos est dans les tons marrons gris, parsemé de taches blanches, la poitrine est plus claire avec des rayures marron, elle a à l’arrière de la tête une « fausse face » dessinée.
La chouette Chevêche d’Athéna est sans doute la plus visible des chouettes, on la voit en plein jour, une petite boule, posée sur un piquet au bord d’un pré ou sur un muret… Bien en évidence, elle semble peu farouche, si l’on vient vers elle, elle va commencer à se balancer d’avant en arrière, comme pour dire bonjour, mais très vite elle va partir, en s’envolant un peu comme un pic avec un vol ondulant.
La chevêche chasse à l’affût, principalement la nuit mais également en tout début de soirée ou le matin, bien après que le soleil soit levé. Elle a un régime alimentaire relativement varié, l’analyse des pelotes de réjections (les hiboux et les chouettes comme d’autre oiseaux recrachent en pelote ce qu’ils ne digèrent pas : poils, os, élytres…), nous permet de savoir ce qu’elle consomme chaque jour. Elle mange tous les petits animaux qu’elle peut trouver, des vers de terre (que l’on ne retrouve pas dans les pelotes) mais également : des campagnols, des grenouilles, des oiseaux, des musaraignes… ainsi que beaucoup d’insectes (jusqu’à 60 % de son alimentation l’été) coléoptères, hannetons, grillons, escargots… En cas d’abondance de proies, la chevêche constitue parfois des garde-mangers où elle conserve le fruit de sa chasse pour le manger plus tard.
Elle chante la nuit dès l’automne, mais le chant s’amplifie en début d’année jusqu’en avril, (c’est en mars/avril qu’on l’entend le plus). On dit que la chevêche miaule, « gvi-ou ». C’est le mâle que l’on entend le plus en début d’année, il émet un cri doux et plaintif, presque une voix humaine « bou-oû… bou-oû ?… »
La Chevêche d’Athéna aime les terrains dégagés avec quelques arbres. Elle niche dans une cavité, un trou dans un arbre, un nichoir artificiel, sous un toit et même dans un terrier. La qualité principale du lieu de nidification est l’obscurité, même si elle préfère les cavités plutôt longues et étroites. La Chevêche d’Athéna est monogame et fidèle. Début mai, la ponte a lieu, 4 ou 5 œufs tout blancs un peu luisants, la femelle seule couve pendant un mois. Le mâle lui apporte des proies mais elle sort également pour chasser. Après l’éclosion, les deux parents nourrissent pendant un mois et demi environ. Le succès de la reproduction est relativement faible, environ 60 % des œufs éclosent et seulement la moitié des jeunes s’envolent. La mortalité de la première année est d’environ 70 %.
La petite chouette Chevêche d’Athéna, en forte régression, est classée sur la liste rouge des espèces en danger. La suppression des haies, la coupe des saules têtards, la suppression des vergers ou la coupe des vieux pommiers, bref, l’atteinte portée à tous ces lieux de nidification possibles est catastrophique pour la chevêche. Les prairies et pâtures remplacées par des champs, l’extension de la monoculture, l’utilisation intensive de pesticides, qui a détruit une bonne partie des insectes et la quasi totalité des grosses bestioles comme les hannetons. L’intoxication indirecte par les produits phytosanitaires absorbés par les proies des chevêches qui provoquent la stérilité de la chouette ou la mort des jeunes au nid… La collision avec les voitures sur les routes… Elle est également accusée, à tord, d’être nuisible aux faisans et aux perdrix et donc tirée par les braconniers…
La LPO Pas-de-Calais a réagi face à cette situation en posant des nichoirs avec le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale, à ce jour plus d’une vingtaine de nichoirs à chevêches ont été posés par les bénévoles et une trentaine au total sera posée avant la fin de l’année.
On peut aider la chouette chevêche en posant des nichoirs, en conservant les vieux arbres, en créant ou en entretenant des saules têtards, en mettant des rampes dans les abreuvoirs pour les sauver de la noyade, en proscrivant l’utilisation de pesticides et de raticides…
https://www.oiseaux.net/oiseaux/cheveche.d.athena.html
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Rapaces d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Didier Plouchard David Van Heddegem
A demain avec l’Accenteur mouchet.
Jean François
L’erreur : le terme pile ou face ne vient pas de la monnaie d’Athéna, même si les Strigiformes ont un faciès bien particulier