[Un jour, une espèce] La Bergeronnette grise

Vendredi 17 avril, trente deuxième jour de confinement. En ce moment nous avons le temps, le temps de le perdre, mais est-ce qu’on perd son temps en regardant fleurir pommiers et cerisiers ? Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau qui hoche la queue : la Bergeronnette grise Motacilla alba.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : même les choucas chtis ne font pas « hein » quand ils n’ont pas compris).

Le nom de la Bergeronnette vient du fait qu’elle accompagne souvent les troupeaux, elle est l’amie de la bergère, qui lui a donné son nom. On l’appelait également la Lavandière grise, parce qu’elle aime l’eau et accompagnait au lavoir les lavandières en battant de la queue comme on bat le linge. On la nomme aussi Hochequeue, sa queue fait sans arrêt un mouvement de haut en bas. En allemand on l’appelle Weisse Bachstelze (échasse blanche du ruisseau, la bergeronnette a relativement de longues pattes), en anglais White Wagtail (bergeronnette blanche), en espagnol lavandera (de lavandière) et en italien Ballerina bianca (ballerine blanche).

« … partout, sur la terre fraîchement retournée et encore luisante, de petits oiseaux gris et blancs s’éparpillent, trottinent agilement dans les creux, sur les mottes, picorent de droite et de gauche les larves et les vers venus au jour. » Paul Géroudet

La Bergeronnette grise fait partie du groupe des Motacillidés, comme la Bergeronnette des ruisseaux et la Bergeronnette printanière. On la trouve dans des milieux divers, plus ou moins proches des habitations, elle aime l’eau, les zones cultivées, les pelouses… Elle est sédentaire, ou migratrice partielle chez nous. Dans l’est, la Belgique, l’Allemagne… elle est migratrice. C’est une insectivore, elle niche dans des cavités, c’est aussi une grande fana de golf, elle adore les pelouses bien tondues et arrosées fréquemment. Elle a un plumage gris, blanc et noir, une calotte noire et une nuque noire, une double barre alaire blanche une longue queue noire et blanche, la gorge et le haut de la poitrine noirs. Il existe dans le Pas-de-Calais une autre bergeronnette qui vient d’Angleterre, la Bergeronnette de Yarrell, qui est en fait une sous espèce. Elle est beaucoup plus sombre que la Bergeronnette grise, plus noire que grise. Il arrive que les deux sous espèces se reproduisent ensemble, donnant naissance à des métis aux couleurs intermédiaires.

La Bergeronnette aime chasser en marchant sur le sol, le corps horizontal, la queue qui hoche de haut en bas et la tête qui balance d’avant en arrière au rythme du pas. Elle chasse aussi en volant à faible hauteur. La Bergeronnette capture des insectes : Diptères (plus de 35 % de son alimentation), Névroptères, Coléoptères, chenilles, petites limaces et quelques graines… Il lui faut des espaces dégagés : gazons, banc de sable, bord de l’eau, talus de terre, pâturages, près, cour de ferme… Elle apprécie beaucoup ce qui attire les mouches comme les tas de fumier ou les bouses et le crottin.

À partir d’avril, la bergeronnette niche dans des cavités, souvent sur des bâtiments ou des constructions (ponts, murets…). Elle n’est pas bien difficile dans le type de logement. Quand les couple se forment, le mâle exhibe sa gorge noire et son dos, trottine autour de la femelle, qui se penche au sol… La femelle choisit l’emplacement du nid et c’est elle qui construit, le mâle l’accompagne pendant tout ce temps et l’aide quelquefois un peu. La femelle ramène dans la cavité des brindilles, de la mousse, des radicelles et garnit la coupe de crin et de plumes…

Elle pond 5 ou 6 œufs blancs grisâtres, ponctués de points et de rayures brunes. La femelle seule couve pendant 2 semaines, en sortant de temps à autre pour se nourrir. À l’éclosion, les deux parents nourrissent, les petits restent au nid pendant quinze jours. Les parents font plus de 600 allers/retours par jour pour nourrir la couvée, plus de 50 becquées par petit. Le taux d’éclosion est de plus de 60 % et le taux d’envol sur les petits éclos est de plus de 80 %. Il y a fréquemment deux nichées, parfois trois. Le principal prédateur de la bergeronnette est l’épervier. La Bergeronnette grise peut vivre 8 à 10 ans, mais en réalité sa durée de vie est souvent bien plus courte.

La Bergeronnette grise n’est pas considérée comme menacée, elle est commune dans le Pas-de-Calais. Elle doit probablement souffrir de la raréfaction des insectes mais elle bénéficie de grandes capacités d’adaptation y compris dans les environnements urbains. On la voit souvent, en pleine ville d’Arras, sur le Boulingrain, dans les jardins de la Préfecture du Pas-de-Calais, refuge LPO.

La Bergeronnette grise peut nicher dans des nichoirs semi ouverts posés à quelques mètres du sol. Elle apprécie les grandes pelouses bien tondues, mais elle est très sensible aux insecticides.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceBG.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Didier Plouchard, Marcel Martel, Aurélie Delaval, Louison Bocquelet, Geslaw Seillier, Alain Bobillier.

Jean François

Erreur : Les bergeronnettes ne font pas 600 allers/retours par jour, au nid pour nourrir les petits mais 300, ce qui est déjà pas mal !

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