Jeudi 16 avril, trente et unième jour de confinement. Et si après tout ça on continuait à voir l’essentiel et à laisser le futile de côté, et si on continuait à moins consommer ? Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau à l’œil d’argent : le Choucas des tours Corvus monedula.
Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : l’Avocette élégante ne fait pas seulement la cour le jour de la St Valentin).
Le Choucas des tours a un nom onomatopéique de son cri, et des tours parce qu’il niche dans les tours. En latin on l’appelait graculus ou monedula, qui vient du fait qu’on l’accusait de voler de la monnaie (comme la pie maintenant). En allemand, c’est Turmkrähe, corneille des tours, en anglais jackdaw, Jack le choucas, en espagnol grajilla et en italien taccola.
« Il est peu d’oiseaux, peu d’animaux supérieurs en tout cas, qui aient une vie familiale et sociale aussi développée que les choucas » Konrad Lorenz
Le Choucas des tours vit en général près de l’homme. Il niche dans les cavités des bâtiments, dans les parcs, dans les bois… Il est migrateur au Nord et sédentaire chez nous. Les couples sont unis à vie et sont souvent ensemble. Grégaire, il se déplace souvent en groupe, pour se nourrir ou pour dormir. Le choucas est le plus petit des corvidés, il a le plumage anthracite et noir, un capuchon gris sur la tête, il a un œil d’argent.
Le Choucas est un oiseau remuant et bruyant, il vit en groupe et s’associe facilement à d’autres corvidés. C’est un excellent voilier qui s’amuse avec le vent et fait volontiers, par amusement, des acrobaties aériennes remarquables. Très sociable, il se rassemble parfois en grosses colonies, très hiérarchisées, avec un couple dominant et plusieurs niveaux hiérarchiques (cette hiérarchie n’est pas figée, selon les circonstances, certains évoluent dans le groupe, d’autres régressent). Konrad Lorenz, cité plus haut, éthologiste autrichien, qui parlait couramment le choucas ou l’oie cendrée et d’autres oiseaux encore… a beaucoup étudié les Choucas des tours. Selon lui, il suffit d’agiter un chiffon noir devant un groupe de choucas pour se faire attaquer par l’ensemble du groupe qui pousse des cris furieux et menaçants parce que l’un d’entre eux est en danger, en venant frapper la main qui tient le tissu noir.
Le choucas est omnivore et opportuniste, comme tous ses collègues corvidés. Il mange au sol tout ce qui se présente : beaucoup d’insectes, mais aussi escargots, vers, jeunes oiseaux, grenouilles, graines de céréales, fruits, baies, amandes, il est également très friand de déchets, fréquente les décharges et effectue dans les champs un travail d’équarrisseur.
On entend de loin le cri du Choucas des tours « tchia », « khya » bref haut et clair. Lorenz traduit le « kia » par « vole avec moi », « kiao » par « on rentre à la maison », « tsic » émis par le mâle signifie « viens ma chérie », le « yup » est poussé pour défendre le nid, « hein » signifie « excusez-moi je n’ai pas compris »… Comme beaucoup d’oiseaux grégaires, les choucas sont toujours en contact sonore avec le groupe.
Le Choucas des tours est cavernicole et il n’est pas très difficile dans le choix de la cavité. Il niche sur les parois des falaises, sur les remparts, les ruines, les clochers, les tours, dans le trou des arbres ou dans les cheminées et même dans les charpentes métalliques des installations électriques, comme il a malheureusement pris l’habitude de le faire dans le Pas-de-Calais. Selon l’espace, le couple ramène plus ou moins de matériaux, si la cavité est spacieuse le choucas va la combler avec un amas de matériaux des plus divers. Il est capable de boucher une cheminée pour venir y nicher. Si l’espace est plus petit, il ne va ramener que quelques branchages. Pendant plusieurs semaines en mars avril, les transports de matériaux sont permanents. (les matériaux transportés, lâchés par mégarde, sur des transformateurs électriques, provoquent évidemment des petites catastrophes).
Le couple, unis à vie, parade, madame lisse les plumes de la nuque de monsieur et monsieur offre de la nourriture à madame, et ceci dure pendant des années… Les disputes pour les nids sont nombreuses, mais c’est le couple dominant qui choisit le meilleur emplacement.
Mi avril, la femelle pond 5 œufs, bleus verts, tachés de brun. Elle les couve seule, le mâle la nourrit en venant régurgiter dans son gosier. L’incubation dure environ 18 jours, les jeunes sont nourris par les deux parents, ils quittent le nid un mois plus tard, mais sont toujours nourris. Puis les parents les emmènent aux champs et leur apprennent le territoire. La maturité sexuelle est à 2 ans. L’espérance de vie d’un choucas est de 14 ans.
Le Choucas des tours est une espèce protégée. Il n’est pas
menacé, il est même plutôt en phase d’expansion. À la campagne, en raison de la
confusion avec les corneilles, le choucas est victime de tirs au fusil,
d’empoisonnement ou de piégeage. La rénovation des bâtiments ou la coupe des
vieux arbres privent le choucas de lieu de reproduction.
Le Choucas des tours ne vient pas aux mangeoires. Il peut utiliser de grands
nichoirs, mis à bonne hauteur, avec une vue dégagée.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceCDT.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Didier Plouchard
A demain avec la Bergeronnette grise.
Jean François
L’erreur : même les choucas chtis ne font pas « hein » quand ils n’ont pas compris