[Un jour, une espèce] L’Accenteur mouchet

Dimanche 19 avril, trente quatrième jour de confinement. La question qui se pose maintenant est de savoir si nous méritons une seconde chance ? Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau discret : l’Accenteur mouchet Prunella modularis.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : le terme pile ou face ne vient pas de la monnaie d’Athéna, même si les Strigiformes ont un faciès bien particulier).

Le nom accenteur (qui chante avec) et mouchet (à cause de sa petitesse) autrement dit un petit oiseau qui chante avec les autres. On l’appelle encore le Mouchet chanteur ou, comme chez nous, le Traîne-buisson. En allemand Heckenbraunelle (Hecke=haie et Braun=brun), en anglais hedge-sparrow (le moineau des haies), en italien pasera scopaiola, en espagnol cajero automàtico (caisse automatique ?).

« Le chanteur ? Le voici, à la fine pointe d’un sapinet, petit oiseau sombre et en apparence insignifiant : l’Accenteur mouchet. » Paul Géroudet

L’Accenteur mouchet est un insectivore de la petite famille des Prunellidés (mangeurs de prunes), comme son cousin l’Accenteur alpin. Il sédentaire dans nos régions et migrateur au Nord et à l’Est de l’Europe. Discret, il vit dans des espaces semi couverts, les haies, les parcs et les jardins.  Il ressemble un peu à un moineau, le dessus est brun strié de noir, le dessous gris plomb, les flancs striés de brun, le contour des parotiques (cou) gris plomb et un bec fin d’insectivore tout noir.

Contrairement au moineau, l’accenteur est un solitaire, il est très discret, souvent dans les buissons ou à terre près des haies. Il sautille à la recherche d’insectes sur ses courtes pattes, on dirait que son ventre traîne à terre, d’où son nom de traîne-buisson. Il n’y a que pour chanter qu’il s’expose à la vue de tous. L’hiver, on peut le voir au pied des mangeoires, il consomme quelques graines pour passer la mauvaise saison, mais dès le printemps il reprend son régime insectivore.

Pour chanter, le mâle se poste en hauteur, au faîte d’un toit ou à la cime d’un arbre où il reste longuement. Son chant peut prêter à confusion avec celui du troglodyte, mais en moins puissant. Le chant est très rapide et stéréotypé « Si je suis ici c’est que je suis assis ! », un babil rapide et un peu précipité qui ne manque pas de charme. Il chante tôt le matin, avant même que le soleil se lève.

En tout début d’année, les parades amoureuses commencent. L’activité sexuelle de cet oiseau discret est plutôt tumultueuse et les relations extra-conjugales sont nombreuses, mâles et femelles peuvent avoir plusieurs partenaires ! (On dit qu’ils sont polyandres ou polygames). Le mâle chante pour marquer le territoire (Il semble que le territoire soit plutôt propriété de la femelle, qui chasse les autres femelles de celui-ci). Il y a de nombreuses poursuites dans les branches des arbustes…  Le mâle tremble des ailes et agite la queue, la femelle ouvre le bec en quémandant la becquée et gonfle ses plumes. La femelle construit le nid, accompagnée par le mâle. Elle construit un gros nid assez haut avec des branchettes et beaucoup de mousse, de l’herbe, des poils de chats ou de chiens, quelques plumes… Le nid est assez bas, vers un mètre, mais souvent enfoncé dans les broussailles.  Des études ADN prouvent que sur une nichée il peut y avoir plusieurs pères mais toujours une seule mère.

Début avril, la femelle pond 4 ou 5 œufs, bleu vert profond, très colorés. Une seconde ponte a lieu en général fin juin. La femelle seule couve en sortant fréquemment pour se nourrir. Le mâle ne chante plus, mais ne s’occupe pas nid. L’incubation dure 2 semaines. Après l’éclosion, les deux parents nourrissent : des insectes ramenés au bec ou des graines prédigérées régurgitées.  Une becquée peut contenir 25 espèces d’insectes différentes : pucerons, araignées, cloportes, diptères… Le nid est tenu propre par les parents qui évacuent les sacs fécaux. Les jeunes quittent le nid deux semaines plus tard. Le coucou parasite assez fréquemment le nid de l’accenteur. L’épervier est un grand prédateur des accenteurs. L’Accenteur mouchet peut vivre entre 8 et 10 ans.

Les populations d’Accenteur mouchet sont stables, il n’est pas considéré comme menacé. Il est cependant important de ne pas couper les haies, qu’il affectionne particulièrement entre mars et août. Si vous nourrissez l’hiver, il va venir au pied de la mangeoire pour consommer quelques petites graines, genre millet, il ne consomme pas les graines de tournesol.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceACM.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Didier Plouchard, Jessica Goudal.

A demain avec un rapace de nos régions.

Jean François

L’erreur : les accenteurs ne mangent pas de prunes, par contre le prunellier, ce petit arbre buisson lui convient parfaitement

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