Samedi 28 mars, douzième jour de confinement. J’ai la désagréable sensation que la nature se venge ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un élégant oiseau : le Chardonneret élégant Carduelis carduelis.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : les épines de roses pour bloquer l’entrée de la cavité, par contre le fait que l’étourneau mâle ramène des fleurs dans le nid est vrai)
Le nom du chardonneret vient du latin carduus chardon. En allemand Stieglitz onomatopée de son chant, en anglais goldfinch pinson d’or, en espagnol jilguero, en italien cadellino. En patois local on l’appelle écardonnette.
« L’élégance est une affaire de goût et d’aucuns trouveront que le Chardonneret porte une livrée clinquante, un travesti de carnaval avec un masque de clown, sans parler de la queue trop courte ou du bac trop fort. » Géroudet
On trouve le Chardonneret élégant à la campagne, dans les bosquets, les jardins, les vergers. Migrateur partiel dans l’Europe de l’Est. Souvent en groupe, il est presque totalement granivore et consomme chardons, cardères, pissenlits, petits pois…
Le chardonneret est un fringillidé, unique en son genre, reconnaissable facilement à sa face rouge et à sa barre alaire jaune vif caractéristique en vol.
Granivore, avec son bec effilé, le chardonneret extrait les graines les plus fines en se posant de façon acrobatique sur la plante. Dans les jachères, les terrains vagues, les friches… il exploite bardanes, chardons, centaurées, armoises, cardères, pissenlits, oseilles… En période de nidification, il attrape quelques insectes : diptères, pucerons, larves… pour nourrir les petits.
Vivant en groupe, il émet constamment des petits cris de contacts : stieglitz stieglitz… son nom en allemand. Le chant est un babil animé avec des variations, des trilles et des roulades, rapides et variées. Son caractère enjoué, la beauté de son plumage et de son chant lui ont valu d’être piégé et mis en cage pendant de nombreuses années. Le chardonneret est maintenant totalement protégé par la loi, article 415-3 du code de l’environnement : la destruction ou l’enlèvement des œufs ou des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation d’animaux de ces espèces, qu’ils soient vivants ou morts… est totalement interdit et passible d’une peine de 150 000 € et 3 ans d’emprisonnement ! Pourtant chaque année, la LPO porte plainte et poursuit devant les tribunaux des contrevenants à loi, pour divers sujets comme le braconnage mais aussi la détention de chardonnerets.
Le Chardonneret élégant ne niche pas dans un biotope très précis, dans les arbres, jamais loin des habitations, dans les jardins, les vergers… Il n’y a pas de dimorphisme sexuel chez le chardonneret et il n’y a pas vraiment de parade amoureuse. C’est ensemble qu’ils choisissent l’emplacement du nid, la femelle seule construit ce petit chef-d’œuvre de douceur, fini avec soin, herbes entrelacées maintenues avec des fils d’araignées, duvets végétaux, brins de mousse et matériaux doux…
5 œufs sont pondus en mai. Alimentée par le mâle, la femelle couve pendant 2 semaines. Les deux parents nourrissent et les fientes sont évacuées, puis les jeunes déposent leurs fientes sur le bord du nid. Les jeunes quittent le nid au bout d’une quinzaine de jours, mais restent proche de celui-ci même quand les parents entament une deuxième nichée. Les jeunes, plus discrets que leurs parents, n’ont pas la face rouge et ont un plumage plutôt grisâtre sur le corps. Seule la barre alaire jaune les identifie à la famille. Ils n’arboreront leur livrée d’adulte qu’à l’automne.
J’ai la chance d’observer plusieurs dizaines de chardonnerets qui se nourrissent et volent ensemble l’hiver près d’une mangeoire que j’ai mis à disposition. Ils volent aussi dans les hautes herbes et les arbres ou sur des pieds de colza que je pique dans le sol en octobre. Ils vont régulièrement à l’abreuvoir et se baignent volontiers. Très actifs et toujours en mouvement, c’est un plaisir de les voir se chamailler et s’affairer à quelques mètres de ma fenêtre.
Le Chardonneret élégant, espèce autrefois commune, a perdu 41% de sa population en 30 ans (Chiffres UICN Union Internationale de Conservation de la Nature). Encore une fois, l’uniformité des paysages cultivés, l’absence de haies, l’agriculture intensive, l’urbanisation, la disparition des zones de friches… on un effet désastreux sur les populations de chardonnerets. Granivore, le chardonneret est victime de l’emploi intensif des herbicides et autres produits phytosanitaires.
Vous pouvez aider les chardonnerets, l’hiver, en mettant à sa disposition des graines de niger dont ils raffolent dans une mangeoire spécifique « Silo à Niger Ring Pull Pro » (Catalogue LPO), à défaut il consomme volontiers des graines de tournesol noir. Vous pouvez aussi laisser un espace en friche dans votre jardin ou mieux encore y planter des cardères « cabaret des oiseaux » où il viendra se nourrir des inflorescences. Pensez aussi à mettre de l’eau à disposition.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceCEG.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Marcel Martel, Didier Plouchard, Serge Larivière. Jean François Pépin, Simon Guegaden
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
L’erreur : le chardonneret ne mange pas de petits pois