[Un jour, une espèce] Le Cygne tuberculé

Vendredi 1er mai, quarante quatrième jour de confinement (J -10). Selon que tu sois vert ou rouge tu confineras un peu, beaucoup, à la folie, passionnément ou pas du tout. Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau majestueux : le Cygne tuberculé Cignus olor.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : la Grande Aigrette a les doigts des pattes noirs et pas orange).

Le nom du Cygne tuberculé vient du tubercule noir qui surmonte le bec de l’oiseau. En allemand Höckerschwan (cygne à bosse), en anglais mute swan (cygne muet), en italien cigno reale (cygne royal) en espagnol cisme mudo (cygne muet). On l’appelle Cygne muet également en France.

« Pour des raisons liées à l’esthétisme, à la grâce et au port altier de ce palmipède, des sujets furent importés sous nos latitudes plus méridionales, afin d’y servir d’oiseaux d’ornement, d’abord réservés aux seigneurs et aux princes… » Yves Thonnerieux (oiseaux.net)

Le Cygne tuberculé fait partie de la famille des Anatidés. C’est le premier oiseau décrit dans le Guide Ornitho (la bible des ornithologues), c’est donc l’un des plus anciens oiseaux à être parvenu jusqu’à nous. Le Cygne tuberculé habite les lacs, les marais, les étangs… Il niche dans les roselières ou sur la rive des plans d’eau. Il n’est pas timide et il peut être agressif en nidification. C’est un magnifique oiseau blanc au long cou avec de courtes pattes, un bec orange et un tubercule noir à la base supérieure de celui-ci.

Les Anatidés (cygnes, oies, canards) sont les oiseaux dont l’origine remonte le plus loin dans le temps, il y a 130 millions d’années. Des fossiles de cygnes de 2 millions d’années ont été découverts. Le Cygne tuberculé est le plus lourd des oiseaux vivant en Europe, le mâle pèse plus de 10 kg et la femelle plus de 8 kg, ils ont une envergure de plus de 2 mètres.

Le cygne se nourrit de végétaux aquatiques : algues, renoncules, élodées, prêles… mais aussi d’herbes ou de légumes des champs, il ingère également quelques insectes, limaces ou escargots… Il plonge la tête, le cou et le haut du corps dans l’eau pour se nourrir avec les plantes du fond, ou alors il broute en surface dans les près. Il consomme environ 4 kg de nourriture par jour.

Au sol, le cygne se déplace de façon maladroite, il est cependant capable de courir s’il est menacé. Il peut prendre son envol du sol ou du plan d’eau, il lui faut souvent une dizaine de mètres avant de pouvoir décoller le cou tendu. Son vol est très bruyant, l’air brassé par les rémiges siffle et on l’entend de loin. Il peut atteindre en vol 80 km/h. Il nage, les ailes souvent relevées et le cou dessinant une courbe gracieuse, il se déplace avec majesté sur l’eau,

La formation des couples a lieu alors qu’ils ne sont pas encore matures, ils sont souvent fidèles et attendent quelquefois plus d’un an avant de se reproduire. Les parades nuptiales sont relativement simples : hérissement des plumes et synchronisation des mouvements… La reproduction a lieu sur l’eau. Les Cygnes tuberculés sont très agressifs pour la défense de leur territoire de nidification. Ils écartent les ailes, gonflent les plumes du cou, pointent la tête vers le sol ou vers l’eau, si cette menace ne suffit pas, ils avancent, le cou en arrière, prêts à pincer l’intrus ou à lui donner un coup d’aile.

Le couple construit le nid au bord de l’eau avec des branches, des roseaux et des plantes aquatiques, la coupe intérieure est faite d’herbe, de plumes ou de duvet, le mâle se charge en général de ramener les matériaux disposés par la femelle. Le nid, de taille imposante, deux mètres d’envergure avec une hauteur de plus de 50 centimètres, est souvent réutilisé d’année en années. Le couple le recharge alors à chaque printemps. Souvent en mai, la femelle pond un œuf tous les deux jours et en moyenne 6 œufs. La couvaison est effectuée principalement par la femelle. Quand elle s’éloigne du nid, le mâle prend le relais mais il se contente de protéger le nid. L’incubation dure en général un peu plus de cinq semaines. Les poussins sont nidifuges, ils quittent le nid assez vite et cherchent la nourriture avec leurs parents. Les petits cygnes sont gris/brun (certain atteint de leucisme sont blancs), ils ne volent qu’à l’âge de 5 mois. Le pourcentage de réussite est important, de l’ordre de 90 %. Le cygne à l’état sauvage vit environ 20 ans.

Le Cygne turberculé a été introduit chez nous dès la fin du moyen-âge comme oiseau d’ornement ou pour être chassé (les cygnes anglais sont tous propriété de sa très gracieuse majesté la reine). Il est souvent présent dans les jardins et parcs publics, les oiseaux domestiques se croisent avec les oiseaux sauvages.

Le cygne tuberculé n’est pas une espèce menacée. Les dangers qu’il rencontre sont toujours en relation directe avec l’homme. Des problèmes se posent dans les zones agricoles, ainsi dans le marais audomarois, où le cygne consomme des végétaux cultivés comme le choux fleur. (une sous espèce locale le Cygnus orus chouflerus a été créée dans la région de Saint-Omer). Le cygne est vulnérable aux diverses pollutions des plans d’eau et particulièrement au plomb qui s’accumule dans le corps et provoque le saturnisme aviaire dans les zones chassées.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/cygne.tubercule.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les palmipèdes d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Jessica Goudal.

A demain avec un oiseau grimpeur.

Jean François

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