[Un jour, une espèce] Le Grimpereau des jardins

Samedi 2 mai, quarante cinquième jour de confinement (J -9). Quarante-cinq chroniques déjà, de quoi faire un petit bouquin pour garder trace de ce travail, qu’en pensez-vous ? Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau grimpeur, le Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : chez le cygne tuberculé, la sous espèce chouflerus n’existe pas encore, ça ne saurait tarder).

Le nom du Grimpereau des jardins vient du fait que ce petit oiseau passe son temps à grimper sur le tronc des arbres. En allemand Gartenbaumläufer (court sur les arbres des jardins), en anglais tree creeper (rampe sur les arbres), en espagnol agateador (grimpe comme un chat), en italien rampichino (petit grimpeur). On l’appelle aussi en français Grimpereau brachydactyle.

« Semblable à un morceau d’écorce rampant, il chemine laborieusement, presque invisible dans sa livrée brune quand il ne montre pas, de profil, son dessous clair. » Paul Géroudet

Le Grimpereau des jardins est un petit grimpeur arboricole de la famille des Certhidés. Il a un jumeau, le Grimpereau des bois, dont on ne le différencie avec certitude que grâce au chant. Le Grimpereau des jardins vit dans les milieux boisés, les parcs et les jardins. Il est sédentaire. Il a le dessus brun joliment moucheté, le dessous blanc, le bas-ventre chamois ou beige, un bec arqué et des pattes aux ongles longs.

Comme les pics, il se déplace sur le fut des arbres par petits sauts et prend appui sur sa queue aux rectrices solides et rigides pour se stabiliser. Le grimpereau est un oiseau de petite taille aux teintes d’écorces, on ne le remarque pas lorsqu’il est immobile, heureusement il ne l’est que peu. Toujours en mouvement, il explore toutes les anfractuosités avec son bec adapté.

Le Grimpereau des jardins n’est pas farouche. En chasse, il part de la base de l’arbre, remonte par petits sauts, repère à la vue des petits insectes dans les crevasses des écorces. Il examine toute la surface, s’engage sur les branches, se retrouve quelquefois le ventre en haut. Puis il redescend en volant au pied d’un autre arbre et recommence son manège. Il a la fâcheuse habitude, s’il vous repère, de se mettre de l’autre côté du tronc. Quand il se sent menacé, par l’épervier par exemple, il se colle au tronc et reste immobile, ce qui le rend invisible. On estime qu’il explore par jour près de 300 arbres et effectue sur les troncs près de 3 kilomètres, et toujours en montant !

Solitaire dans la journée, il se réunit en petit groupe pour passer la nuit, dans un dortoir abrité des intempéries où les oiseaux se serrent les uns contre les autres.

Le Grimpereau des jardins se nourrit essentiellement d’insectes : pucerons, phalènes, forficules, œufs, cocons, myriapodes ainsi que d’araignées et quelquefois de toutes petites graines.

Le Grimpereau des jardins a un chant caractéristique, bref, aigrelet, répétitif et énergique. Toujours la même phrase « je monte au paradis » en descendant avant de remonter à la fin de la phrase. Il chante presque toute l’année et principalement de janvier à juin. La femelle chante elle aussi, de façon un peu moins sonore que le mâle. Le grimpereau des bois chante quant à lui « tit ti moi je descends, moi je descends »

Les couples se forment ou se retrouvent en février, ils défendent leur territoire. Les parades nuptiales se résument à des poursuites dans les arbres. La femelle construit le nid dans un recoin du bois, souvent derrière une écorce décollée du tronc ou dans un arbre fendu. Elle y ramène des ramilles, des feuilles, de la mousse, souvent le nid comporte deux entrées. En avril mai, elle pond 5 ou 6 œufs, le mâle et la femelle prennent en charge l’incubation qui dure une quinzaine de jours. Les jeunes sont nourris par les deux parents. Au bout de quinze jours, les jeunes grimpereaux sortent du nid et grimpent sur le tronc de l’arbre qui les a vu naître. Les principaux prédateurs du grimpereau sont la Chouette hulotte et l’épervier. Le succès de la reproduction et d’environ 60 % et le grimpereau peut vivre jusqu’à 5 ans.

Le Grimpereau des jardins ne semble pas menacé, les populations sont stables. Cependant, la préservation des vieux arbres lui est indispensable puisqu’ils lui offrent gîte et couvert. Le grimpereau est également sensible aux hivers rigoureux, et plus particulièrement si son alimentation est perturbée par une pluie verglaçante sur les arbres.

Vous pouvez installer des nichoirs à grimpereau dans votre jardin, mais il faut que le biotope s’y prête.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/grimpereau.des.jardins.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger.

A demain avec un oiseau tambourineur.

Jean François

Les commentaires sont clos.