Dimanche 3 mai, quarante cinquième jour de confinement (J -8). Çà fait quand même du bien de faire le pont, un week-end à la plage, ça ressource ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau prénommé Woody, le Pic épeiche Dendrocopos major.
Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : Le Grimpereau des bois ne chante pas « moi je descends », il chante avec le même ton que son jumeau mais avec des phrases plus longues et plus variables.)
Le nom français du Pic épeiche vient de l’allemand Specht (pic) qui est devenu espec puis espeche et enfin épeiche. On l’appelle également Grand épeiche ou Grand Pic bigarré. En allemand Grosser Buntspecht (grand pic bariolé), en anglais great spotted woodpecker (pic super tacheté), en espagnol pico picapinos (le pic des pinèdes) et en italien pico rosso maggiore (le grand pic rouge).
« Un matin d’avant-printemps, quand le Pinson commence à chanter et que les Mésanges rythment assidûment leur refrain métallique, un bruit étrange retentit dans les hautes ramures dénudées des grands arbres. » Paul Géroudet
Le Pic épeiche fait partie de la famille des Picidés. Il est sédentaire et arboricole. Il vit dans les forêts et les bois, on peut aussi le voir dans les parcs et les grands jardins. Il est prudent et craintif, on le voit surtout l’hiver, il se nourrit d’insectes xylophages mais aussi de graines ou d’œufs et d’oisillons. Le Pic épeiche est noir, blanc et rouge, le mâle a une calotte noire à l’arrière rouge vif, le couple a une moustache noire complète, une grande tache blanche sur les ailes, son bas-ventre et ses sous-caudales sont rouges.
Comme chez tous les pics, les plumes de la queue du Pic épeiche sont particulièrement solides, la queue servant ainsi d’appui. Comme tous les autres, il est également zygodactyle, il peut positionner deux doigts en avant et deux en arrière pour assurer une meilleure stabilité.
On trouve chez nous quatre pics, le Pic noir, le Pic vert, le Pic épeichette, le Pic épeiche (le plus courant et le plus répandu) et un autre Piscidé que l’on peut voir au printemps (avec un peu de chance) le Torcol fourmilier. On l’entend plus qu’on ne le voit, pour marquer son territoire, il tambourine. Entre le tambourinement et la recherche de nourriture, il frappe du bec plus de 10 000 fois par jour. à ce rythme, il abrase son bec vitesse grand V, celui-ci pousse en permanence, il en use de cette manière trois longueurs par an. Les os de son crâne sont renforcés à l’avant pour répartir la force des impacts répétitifs et son cerveau est protégé par une couche de tissus pour absorber les chocs. Cependant, quand il a mal à la tête, pour se soulager, il tape dans les saules pour en extraire l’acide salicylique. Le tambourinage du Pic épeiche s’entend principalement de janvier à juin. Il est puissant et bref, une douzaine de coups de bec en moins d’une seconde avec une intensité décroissante. Quand il est dérangé, Pic épeiche crie en alarme son nom « Pik… Pik… Pik.. » de façon répétée.
Le Pic épeiche est un solitaire, il se nourrit sur les troncs des vieux arbres, larves ou insectes qu’il va chercher sous l’écorce ou en creusant dans le bois. Sa langue peut sortir de façon spectaculaire (au repos, il l’enroule dans le fond de sa gorge pour protéger le cerveau), son extrémité est munie de crochets pour mieux attraper les insectes xylophages, elle est gluante, grâce à des glandes salivaires très développées. Il ne se cantonne pas aux insectes, il mange également des glands, ou des noisettes, qu’il coince dans l’écorce des arbres pour en extraire l’intérieur en tapant dessus. À l’occasion, il pille les nids des Mésanges ou des Sittelles pour manger les œufs ou les oisillons.
Le mâle et la femelle occupent des territoires voisins, et ne se côtoient que pour la reproduction. En janvier, le couple commence à tambouriner, s’en suivent les poursuites dans les arbres, puis le choix d’une ancienne cavité ou plus fréquemment l’excavation d’une nouvelle niche. Dans ce cas, c’est le mâle qui fait l’essentiel du travail, cela prend une quinzaine de jours. L’orifice de la loge fait environ 45 mm et la chambre a une profondeur d’une bonne vingtaine de centimètres. En mai la ponte d’environ 5 œufs, blancs et brillants, a lieu. C’est le mâle qui prend en charge l’incubation, la femelle ne le remplace que de façon temporaire. Les petits naissent au bout d’une douzaine de jours. Les deux parents font des allers-retours incessants pour nourrir les petits pendant trois semaines. Les jeunes sont très bruyants, ce qui nous permet de repérer la loge assez facilement et d’observer les parents nourrir. Après l’envol, les parents ne tolèrent qu’une petite quinzaine de jours les jeunes sur leurs territoires, puis ils les chassent et reprennent leur vie de grands solitaires. Il n’y a qu’une seule couvée annuelle. Beaucoup de jeunes meurent la première année, s’ils passent ce cap ils peuvent vivre jusqu’à 11 ans.
Les anciennes loges du Pic épeiche sont souvent réoccupés par les mésanges, les sittelles… ou même des chauves-souris.
Le Pic épeiche n’est pas menacé mais la dégradation et la réduction de son habitat, la déforestation et la diminution des arbres morts sont une menace pour l’espèce.
Le Pic épeiche n’occupe pas les nichoirs artificiels, par contre l’hiver il vient volontiers aux mangeoires ou sur les boules de graisse.
https://www.oiseaux.net/oiseaux/pic.epeiche.html
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Jessica Goudal.
A demain avec un Ciconiiforme.
Jean François