[Un jour, une espèce] L’Aigrette garzette

Lundi 4 mai, quarante sixième jour de confinement (J -7). Vendredi soir, j’ai vu un Martinet noir qui volait au-dessus du jardin et depuis plus rien ! Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau au plumet : l’Aigrette garzette Garzetta garzetta.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : Le Pic épeiche ne soigne pas ses maux de tête à l’aspirine, il ne tape pas dans les saules.)

Comme pour le héron, le nom de garzette vient du germanique haigro, quant à aigrette il vient évidemment des belles plumes blanches de l’oiseau. En allemand Seidenreiher (le héron de soie), en anglais little egret (petite aigrette), en italien garzetta (garzette), en espagnol garceta comùn (garzette commune)

« En 1938, à ma grande surprise, je rencontrai mes premières Garzettes en Dombes, nichant en compagnie de Hérons cendrés et de Bihoreaux dans un petit bois de feuillus et d’épicéas. » Paul Géroudet

L’Aigrette garzette fait partie de la famille des Ardeidés, elle est de taille moyenne. Elle aime les zones humides peu profondes ou les prés inondés. On la voit souvent en petits groupes, elle consomme grenouilles et poissons… Elle niche en grandes colonies dans les arbres et les buissons. Elle a le plumage blanc, une hauteur moyenne de 60 cm, une envergure d’environ 90 cm. Son bec est noir et ses pieds sont jaunes (quand ils ne sont pas sales). Elle a un cou assez fin qu’elle replie en vol (on dirait alors un goitre). Elle bat des ailes lentement mais nettement plus vite que la Grande aigrette.

L’Aigrette garzette a colonisé massivement notre région depuis une vingtaine d’années, elle a tendance à se sédentariser, on la voit souvent l’hiver et elle niche dans le Pas-de-Calais. L’Aigrette garzette est cependant sensible au froid et ses effectifs diminuent fortement après les périodes de gel.

Elle chasse en petit groupe, en marchant en bordure d’eau ou à l’affût. Elle a une attitude moins raide que les grands hérons, comme la Grande aigrette, elle semble plus souple et plus relâchée dans ses mouvements qui sont aussi plus rapides. Elle se nourrit principalement en début et en fin de journée dans des espaces dégagés. On la voit en groupes quelquefois importants à Aire sur la Lys, dans les marais et les prés inondés par la Lys l’hiver, vers Moulin Le Compte.

Le régime alimentaire des Aigrettes garzettes est éclectique, composé principalement de petits poissons, d’insectes aquatiques ou terrestres, d’amphibiens, de crustacés, de vers, d’araignées, de mollusques et de jeunes couleuvres… Les proies sont trouvées au sol ou dans l’eau, saumâtre ou pas, à une profondeur qui n’excède pas 15 cm. On la voit souvent dans les mêmes zones que les Grandes aigrette, les Hérons cendrés ou maintenant le Héron garde-boeufs…

L’Aigrette garzette niche en colonie avec d’autres Ciconiiformes. Les deux sexes participent à la création du nid, plutôt dans la partie basse des arbres, en tous cas en dessous des grands hérons, spatules et cigognes… Le nid semble fragile et léger, il est composé uniquement de branchages assemblés de façon un peu lâche. Le mâle effectue plus de travail que la femelle qui reste bien souvent au nid pour le protéger de la convoitise des voisins. Le mâle parade, mettant en avant son aigrette, madame et monsieur e s’accouplent plusieurs fois par jour. S’en suit la ponte, souvent fin avril, de quatre ou cinq œufs bleus pâles avec quelquefois 5 jours d’intervalle. Pendant la période de reproduction, tous les couples ne sont pas au même niveau dans leur procréation, certains construisent le nid d’autres nourrissent déjà. La héronnière est extrêmement bruyante, querelles, bagarres, cris, allées venues… L’activité bat son plein en juin. L’incubation dure un peu plus de trois semaines, les deux parents couvent. Après l’éclosion, le couple nourrit les petits en régurgitant directement dans leur gosier. L’odeur de la héronnière est prégnante et nauséabonde, les fientes qui recouvrent le sol humide, se mêlent aux œufs tombés avant d’éclore et aux petits qui ont chuté du nid qui et qui se décomposent, les moustiques et les mouches se repaissent dans ce galetas alors que plus haut les échassiers restent insensibles dans nid d’amour. Les jeunes commencent à voler au bout d’un mois et demi environ, ils ne sont totalement indépendants qu’en juillet. Le succès de la reproduction est d’environ 70 %. Les nids sont prédatés par les corneilles. Les garzettes adultes peuvent être victimes du pygargue, du Grand-duc, du lynx et également du renard. Sa durée de vie est d’une dizaine d’années.

Comme sa grande cousine, l’Aigrette garzette a failli disparaître à cause du prélèvement de ses plumes pour orner les chapeaux des dames. Actuellement, l’aigrette garzette n’est pas menacée. La population est stable, peut-être même en légère augmentation. Elle est cependant vulnérable à la destruction des zones humides. Elle est également sensible aux aléas climatiques.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/aigrette.garzette.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Jean-François Hurtevent, Simon Guegaden.

A demain avec une oie.

Jean François

Les commentaires sont clos.