Mardi 31 mars, quinzième jour de confinement. Samedi vous avez été 4 500 à consulter l’article sur le Chardonneret élégant, merci à vous ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un oiseau vert : Le Verdier d’Europe Carduelis chloris.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : nisus en latin ne veut pas dire fainéant mais efforts. J’avoue c’est assez compliqué, même pour les enfants de chœur. Pour me faire pardonner l’erreur d’aujourd’hui se répète en quelque sorte 2 fois)
Évidemment, le nom Verdier vient de la couleur de l’oiseau. En italien verdone, en espagnol verderon. En anglais green finch et en allemand Grünfink, pour les deux langues « pinson vert ».
« Patient et consciencieux, il épluche le tournesol entre ses mandibules, puise graine après graine et dévore la moitié de la provision » Géroudet
Le Verdier d’Europe fait partie de la famille des Fringillidés. Comme d’autres fringilles (Serin cini, Bec croisé des sapins…), le verdier a un « jabot fusiforme » ce qui signifie qu’il a un œsophage extensible. C’est pourquoi à la mangeoire il avale des quantités de nourriture très importantes avant de disparaître et de revenir bien plus tard.
Le verdier vit à la campagne comme en ville, pourvu qu’il y ait parcs, jardins, cimetières… Il niche à la lisière des bois, dans les bosquets, les fourrés. Il est plutôt farouche, en alerte permanente. Sédentaire chez nous, migrateur dans le Nord de l’Europe.
Le Verdier d’Europe gros mangeur est rondelet, vert olive avec du jaune vif sur les côtés de la queue (rémiges externes), un bec épais et surtout il arbore un magnifique galon jaune vif sur les rectrices de l’aile. La femelle est plus terne, mais elle arbore également la même barre alaire jaune vif. Il est de la taille d’un moineau.
Le verdier est granivore, il se nourrit à terre ou sur la plante, dans les jardins, les terrains vagues, les jachères, les champs : séneçons, crucifères, renouées, pissenlits, il consomme également les céréales restant en surface après le semis. Il ouvre les gousses pour atteindre les graines de colza. Quand il élève ses petits, il chasse quelques insectes : pucerons, coléoptères… L’hiver il fréquente volontiers les mangeoires où en général, chamailleur, il fait la loi face aux autres oiseaux, ne cédant la place qu’au Grosbec casse-noyaux.
Son chant, fait de roulades, peut être divisé en deux phases : un chant crissant nasal et traînant au début comme un mécanisme que l’on remonte chuiii chuiii chuiii… et puis des notes distinctes et liquides en roulades.
En Avril, les couples se forment. Monsieur parade, queue dressée en éventail, tête levée, il soulève ses ailes, il chante avec ardeur en vol en zigzagant comme une chauve-souris… La femelle construit le nid : herbes sèches, mousses, racines, radicelles, brins de laine, plumes… le nid est assez volumineux par rapport à la taille de l’oiseau. Les mâles sont quelque fois bigames et certains ont trois femelles. La femelle couve seule 4 ou 5 œufs, le mâle la ravitaille au nid. La couvaison dure environ 15 jours, puis les deux parents nourrissent. L’envol s’effectue au bout de 2 semaines. Une seconde ponte a lieu en général en juin/juillet. Le succès moyen de la reproduction est d’un jeune sur deux. Les nids sont prédatés par la Chouette hulotte, le Moyen duc et les jeunes volants par l’épervier…
A partir d’Août, les jeunes verdiers forment des bandes errantes. L’hiver, l’espèce est plus grégaire qu’en période de reproduction et l’on peut voir des groupes d’une quinzaine de verdiers ensemble dans les champs ou près des mangeoires.
Dans le Pas-de-Calais, et plus généralement en France, le Verdier d’Europe est en déclin. Comme le chardonneret son proche cousin, le verdier est principalement menacé par l’utilisation massive des produits chimiques de l’agriculture intensive. Le verdier est victime entre autres des semences enrobées, qui restent en surface après les semis. Les semences sont enrobées d’insecticides dits systémiques. Au lieu que les pesticides soient pulvérisés sur les plantes, ils sont mélangés dans une pâte qui entoure la graine. En germant la plante absorbe le poison dans ses tissus par l’intermédiaire de la sève. Ce sont les fameux néonicotinoïdes qui agissent sur le système nerveux central des abeilles. Les oiseaux glanant dans les champs après les semis en sont également victimes (techniquement il est impossible mécaniquement d’enterrer toutes les graines). La Perdrix grise en est la principale victime et a presque totalement disparu. (Les perdrix que l’on voit à l’automne sont souvent des perdrix d’élevages lâchées pour la chasse).
Comme vous l’avez compris vous pouvez aider les Verdiers d’Europe en leur mettant des graines de tournesol à disposition l’hiver dans une mangeoire. Mettez aussi de l’eau pour l’été.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceVE.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Didier Plouchard, Serge Larivière, Marcel Martel, Christophe Deswartvaeger.
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
L’erreur : contrairement à ce qui était écrit, les rémiges sont les grandes plumes des ailes et les rectrices les plumes de la queue