[Un jour, une espèce] Le Martin-pêcheur d’Europe

Mercredi 1er avril, seizième jour de confinement. Gardons le moral et notre sens de l’humour ! Il nous reste quelques oiseaux !

Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : contrairement à ce qui était écrit, les rémiges sont les grandes plumes des ailes et les rectrices les plumes de la queue).

En vrai et pour rester dans le thème, l’oiseau du jour est un oiseau qui mange du poisson : le Martin pêcheur d’Europe Alcedo atthis.

Le prénom Martin a été donné à trois oiseaux : le martinet, le Martin-pêcheur et le Martin-chasseur. Pendant l’Antiquité on l’appelait Alcyon, puis pendant un temps on l’a appelé martinet pêcheur. Le nom de Martin pêcheur n’est apparu que sous Louis XIV. En italien on l’appelle Martin pescatore, en espagnol Martin pescador. En anglais c’est kingfisher le « pêcheur du roi » et en allemand Eisvogel le « poisson de glace » ?

Martin fait partie de la famille des Alcédinidés (alcyons), comme le Martin-chasseur de Smyrne et l’Alcyon pie tous deux du Proche Orient ainsi que le Martin-pêcheur d’Amérique. Il existe dans le monde 90 espèces d’Alcédinidés. Le Martin-pêcheur d’Europe est petit et trapu. Il a un long bec en poignard, une grosse tête plate. Très coloré : le dessus est bleu vert ; le dos, le croupion et la queue sont bleu clair ; le dessous est orange. Il est sédentaire chez nous et migrateur dans l’Est de l’Europe.

« Courtaud, trapu, presque privé de queue et de pattes, avec une grosse tête terminée d’un poignard effilé, ce serait un nain difforme s’il n’était si somptueusement vêtu de roux chaud dessous, de bleu brillant dessus – un bleu que l’incidence de la lumière fait virer à l’émeraude, à l’indigo ou au turquoise, et que le blanc de la bavette et des oreillettes rehausse encore. » Géroudet

La flèche bleue vole à raz de l’eau à toute vitesse (40 km/h) et disparaît aussi vite. On le voit mieux à l’affût sur une branche ou un piquet. Il guette, immobile, le poisson et plonge soudain en piqué pour capturer sa proie (jusqu’à 10 mètres de profondeur). Il claque le petit poisson pour l’achever et le dispose tête en avant pour l’avaler. Le poisson consommé, il se cache dans les branches basses des arbres pour lisser son plumage. Il vit seul sur sur son morceau de rivière, de canal ou d’étang et ne tolère aucun concurrent.

Le Martin-pêcheur d’Europe niche sur les berges des étendues d’eau, si elles sont bordés d’arbres. En février/mars le mâle fait sa cour. Il visite les berges avec madame, vole en couple au-dessus des eaux, offre des petits poissons à sa dulcinée, s’étire le bec vers le ciel… Madame réclame comme un jeune au nid la becquée. Le terrier est creusé au-dessus de l’eau, normalement à une hauteur suffisante pour éviter les crues éventuelles. La galerie d’environ 8×6 cm est profonde en moyenne de 70 cm, le tunnel monte légèrement et se termine par une chambre d’une quinzaine de cm en longueur et largeur avec une hauteur de 10 cm environ. Le mâle et la femelle s’associent pour ce travail. Ils creusent avec le bec et évacuent la terre avec les pattes et la queue. Ce travail dure une dizaine de jour. Bien entendu les anciens nids sont souvent réutilisés, le travail est alors moins pénible, même s’il faut le remettre en état, on trouve alors quelquefois plusieurs chambres.

En avril/mai la ponte de 6 ou 7 œufs a lieu. La nuit c’est la femelle qui couve, le jour le mâle et la femelle alternent pour couver, l’incubation dure en moyenne une vingtaine de jours. Les deux parents nourrissent et les petits sortent environ 25 jours après la naissance, ils restent encore quelques jours proches du nid, mais sont très vite chassés par les parents. Sitôt la premier nichée terminée, le couple entame la seconde. (Une troisième ponte est assez fréquente).

Cette stratégie de reproduction importante (quelquefois une vingtaine de petits naissent dans l’année), compense une mortalité élevée, le pourcentage de réussite est un peu supérieur à 20 %.

Les effectifs du Martin-pêcheur d’Europe sont en régression importante. Il est victime de la dégradation de son habitat, des pompages agricoles, de la destruction des zones humides, de la pollution des eaux, du drainage troublant des eaux, du dérangement des nids (certains photographes ont des pratiques irresponsables). Il est encore persécuté par de mauvais pêcheurs qui voient en lui un concurrent, alors qu’il ne pêche que de tous petits poissons. Les hivers rigoureux sont aussi fatals pour l’espèce qui ne peut supporter plusieurs jours de gel important consécutifs.

http://educatif.eau-et-rivieres.asso.fr/pdf/martin-pecheur.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Marcel Martel, Serge Larivière. Christophe Deswartvaeger, Simon Guegaden, Aurélie Delaval  

A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.

Jean François

L’erreur d’hier : le Martin-pêcheur ne plonge pas à 10 mètres de profondeur – comme le Fou de Bassan – ses plongeons sont toujours inférieurs à 1 mètre

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