[Un jour, une espèce] Le Troglodyte mignon

Jeudi 2 avril, dix-septième jour de confinement. Salutations particulières à tous les participants au Mooc ornitho qui ont repris leurs cours hier (https://mooc-ornitho.org/) ! Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec oiseau au mœurs dissolues : le Troglodyte mignon.

Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : le Martin-pêcheur ne plonge pas à 10 mètres de profondeur – comme le Fou de Bassan – ses plongeons sont toujours inférieurs à 1 mètre).

Le nom du troglodyte vient du grec trôglodutês = « qui habite dans les trous », trôglé = trou et dutês = qui s’enfonce. En allemand Zaunkönig = roi des clôtures (merci Lars), en anglais wren ? En espagnol chochin, en italien scricciolo. Selon les régions, il est appelé troussepet ou ratelet et souvent à tort roitelet, en hollandais on l’appelle Winterkoning « Roi d’hiver ».

Le Troglodyte mignon est un des plus petits oiseaux européens, 8 grammes en moyenne (seuls les roitelets sont plus petits -5g). A l’origine le troglodyte était une espèce forestière, aujourd’hui il vit partout : jardins, parcs, sous-bois, il lui faut des arbustes et des broussailles. Il est sédentaire chez nous et migrateur au Nord de l’Europe. Une petite boule brun roux avec une queue souvent tenue verticalement et un léger sourcil plus pâle.

« … une toute petite boule de plumes brunes, piquée d’une minuscule queue dressée, qui se faufile comme une souris entre les racines et les branches. » Géroudet

Le chant du Troglodyte mignon étonne par son intensité ! Comment ce petit oiselet peut-il chanter avec cette puissance ? 96 décibels à un mètre de distance ! Et on l’entend à 500 mètres. (À titre d’exemple 96 dB c’est le bruit d’une tronçonneuse ou d’une scie circulaire). Seul le mâle émet ce chant aigu très rapide et très puissant, et ce pratiquement toute l’année, pour marquer son territoire. Pour dire qu’il est chez lui, il émet souvent un ou deux trilles caractéristiques, bien distinctes à l’oreille, successivement et de façon répétée. La femelle, beaucoup plus discrète que le mâle, ne possède pas de territoire et ne chante pas.

Insectivore et très remuant, il est sans cesse en mouvement, se faufile au sol et dans le fouillis des haies, des ronces et des buissons. Il chasse : araignées, larves, papillons… à l’occasion il mange quelques baies.

Le troglodyte est un solitaire, insociable, il passe son temps à défendre son territoire. La nuit il dort dans une cavité ou dans un de ses nids.

Côté sentimental, le Troglodyte mignon a des mœurs inattendues. A partir de mars, monsieur troglodyte construit des nids, en forme de boules caractéristiques avec une entrée latérale, çà et là sur son territoire : dans des buissons ; des trous ; des souches ; dans des bâtiments… Il recycle aussi d’anciens nids de moineaux ou d’hirondelles. Au total il dispose d’entre trois et douze nids, dont il n’a construit que l’enveloppe extérieure. La construction terminée, monsieur troglodyte, comme un vendeur d’agence immobilière, va présenter à madame un premier nid, si celui-ci ne convient pas, il va l’emmener plus loin en visiter un second et ainsi de suite… Si madame est intéressée, elle va ramener dans le nid une plume ou un peu de mousse, cet apport conclut l’affaire ! Après l’acte, monsieur laisse madame finir de garnir le nid pour la ponte, il ne va pas non plus assister madame pendant la couvée, rarement il l’aidera à nourrir les petits. Il est trop occupé à rentabiliser son travail de construction et cherche une nouvelle dame pour lui présenter ses autres nids ! Il va ainsi conclure avec plusieurs dames. Ceci dit, après l’envol des jeunes, madame ne vas pas hésiter à changer de territoire et de partenaire pour assurer une nouvelle nidification. Il y a selon les années 2 ou 3 nidifications.

La femelle pond une première fois en avril, 5 ou 6 petits œufs de 1,3 grammes. La couvaison dure 2 semaines en moyenne. Puis suivent 2 semaines de nourrissage. La femelle gérant toute la nidification, elle est fréquemment absente du nid, elle amène jusqu’à 500 becquées par jour à ses oisillons. Cette absence favorise la prédation du geai, de la belette ou de l’écureuil. Le pourcentage de réussite est d’environ 70 %. La durée de vie maximale d’un troglodyte est de 7 ans, mais en réalité la durée de vie moyenne est de 3 ans. Adulte, il a de nombreux ennemis comme l’épervier, le hérisson, la chouette et le chat domestique.

Le troglodyte est une espèce très répandue et ne semble pas souffrir de menaces particulières. Il subit cependant la réduction et la fragmentation de son habitat par l’activité humaine, mais semble bien s’adapter aux modifications de son environnement.

Il existe de nombreux nichoirs pour Troglodytes mignons en matières naturelles. Ils doivent être installés dans un endroit calme à plus de 2 mètres du sol. Lorsque les hivers sont très rigoureux, vous pouvez mette à sa disposition des vers de farine.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceTM.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo :  Didier Plouchard, Serge Larivière. Christophe Deswartvaeger, Simon Guegaden

A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.

Jean François

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