Vendredi 3 avril, dix-huitième jour de confinement. Les hirondelles sont de retour ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau hivernal : le Tarin des aulnes Carduelis spinus.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : le hérisson n’est pas un prédateur du troglodyte).
Le nom du Tarin des aulnes vient du fait que ce bel oiseau raffole des fruits de l’aulne (un arbre qui pousse sur les sols humides). Quant à tarin c’est moins sûr, la racine tar vient peut-être d’une machine, la tarare, qui servait à vanner le blé et qui était particulièrement bruyante, taratata et tarabuster viennent de là. En allemand, c’est Zeisig d’origine slave, pinson, en anglais siskin, en espagnol lùgano, en italien lucherino, les deux derniers noms viennent peut-être de leukaro=brillant. En tout cas le nom n’a rien à voir avec Longtarin de Gaston la gaffe.
Le Tarin des aulnes est principalement présent chez nous l’hiver, il se nourrit dans les aulnes et les bouleaux. Il est migrateur partiel, passe l’hiver chez nous, on le voit alors en grandes bandes et il niche plus à l’est : dans le Jura, les alpes et en Allemagne, Suisse, Russie, dans des forêts d’épicéas.
« Soudain, avec un gai cliquetis d’appels et des chuchotements animés, une troupe de petits oiseaux surgit du brouillard et s’abat dans les cimes des aulnes. » Géroudet
On peut confondre le Tarin des aulnes avec le Serin cini ou le Sizerin flammé, mais le tarin a une calotte noire, une barre alaire jaune bien marquée, un bec pointu plus fin et plus long, son croupion et les côtés de la queue jaune vif. La femelle est plus terne.
Les tarins passent leur temps à manger les graines des aulnes avec des positions quelquefois acrobatiques, un peu comme les mésanges. Quand ils se nourrissent, ils ne crient pas et on ne les remarque que si on les cherche. Ils sont généralement en gros groupes, souvent avec d’autres fringillidés comme les chardonnerets. Ils sont peu farouches. Ils partent d’un coup, en nuée tous ensemble, sans raison apparente. Leurs départs et arrivées sont par contre très bruyants, les cris de contact sont incessants. Dans la région j’en observe fréquemment l’hiver à Marles les mines, dans les aulnaies le long de la Clarence. (Les groupes réunissent jusqu’à plusieurs centaines d’oiseaux).
Granivore, son bec est tout à fait adapté pour manger les samares (semence de l’orme et de l’aulne), il se nourrit également sur les sapins et au sol : pissenlits, chardons… en nidification des pucerons et des chenilles. Il fréquente également les mangeoires.
Il nidifie au printemps dans les forêts de conifères, principalement les épicéas. Dès janvier, les couples paradent, le mâle chante en accompagnant sa dulcinée, qui va construire seule le nid. Le nid est tout petit et très haut (plus de 20 mètres) dans les branches d’un épicéa, ce qui fait qu’on le voit à peine. En Allemagne, une légende dit que le tarin pose à l’intérieur du nid un caillou magique qui rend invisible.
La ponte, souvent 3 œufs, a lieu très tôt dans l’année, dès février. L’incubation qui dure 2 semaines est assuré par la femelle seule, le mâle vient la nourrir au nid. Les 2 parents nourrissent les petits par régurgitations pendant une quinzaine de jours.
Les jeunes Tarins de aulnes sont assez vite autonomes et forment des bandes qui vagabondent ensemble dans la région de reproduction jusqu’à l’été.
Dès septembre, avec un pic en octobre, les tarins migrent en général vers l’ouest et le sud. La migration s’effectue de façon aléatoire, au grès des vent et surtout de la nourriture trouvée. Des jeunes bagués en Russie ont été repris en Espagne. Mais la migration vers les milieux d’hivernage est irrégulière. Des oiseaux bagués en France l’hiver ont été repris en Bulgarie ou en Espagne les hivers suivants.
Les populations de Tarins des aulnes ne semblent pas menacées actuellement. Il y a une grande variation des effectifs de tarin chez nous l’hiver, il ne faut pas tirer de conclusion sur la rareté de l’espèce certains hivers. Sur les lieux de nidification, les populations semblent en hausse. Le nourrissage des tarin l’hiver expose les oiseaux à la Salmonella typhimurium qui est fatale pour les passereaux qui contractent cette maladie.
Vous pouvez aider les Tarins des aulnes en nourrissant l’hiver (avec des mangeoires propres) et si vous le pouvez en plantant des aulnes ou des bouleaux dont ils raffolent des fruits.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceTDA.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Serge Larivière, Christophe Deswartvaeger.
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
