[Un jour, une espèce] La Sittelle torchepot

Samedi 4 avril, dix-neuvième jour de confinement. L’ail des ours émerge dans les sous bois ! Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau maçon : la Sittelle torchepot Sitta europaea.

Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : on ne peut pas confondre le tarin avec le Sizerin flammé qui a un front rouge vif, il niche chez nous et on peut le voir l’hiver avec le Tarin dans les aulnes).

Le nom de la Sittelle torchepot vient du grec sittê nom du pivert. Torche-pot vient du fait que la Sittelle maçonne l’entrée du trou de son nid et l’ajuste à sa taille. On l’a appelé pic-maçon, également : casse-noisettes (comme le ballet de Tchaïkovski), casse-noix (il existe un Cassenoix moucheté de la famille des corvidés), grand grimpereau ou pic bleu. En allemand c’est Kleiber du verbe kleben coller (maçonner), en anglais nuthatch nut=noisette : casse-noisettes, en espagnol trepador : grimpeur et en italien picchio muratore : pic maçon.

La Sittelle torchepot est strictement sédentaire. Elle vit en forêt mais on peut la trouver dans les parcs ou les grands jardins avec des vieux arbres. Elle a une grosse tête, des doigts très forts, sa grande spécialité c’est de grimper et même de descendre la tête en bas, le long des troncs d’arbres. Elle se nourrit d’insectes, de noisettes, de graines et fait son nid dans un trou. Il existe également dans le paléartique occidental : la Sittelle corse, la Sittelle de Krüpper, la Sittelle penduline, la Sittelle kabyle, la Sittelle de Neumayer et la Sittelle des rochers.

« Des sifflements vigoureux tuituit… tuffit… m’annoncent souvent la présence de la Sittelle dans le peuplier face à ma fenêtre, ou bien c’est le bruit des coups de bec énergiques qu’elle assène sur le tronc ou sur quelque graine récoltée aux environs. » Géroudet

La Sittelle torchepot a la taille d’un moineau, elle est gris/bleu dessus, roux pâle dessous, elle a un loup noir sur les yeux et un bec long et pointu. Elle peut faire penser aux pics, mais elle seule, grâce à la force de ses pattes et de ses griffes, est capable de descendre des arbres la tête en avant. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel.

Elle ne se déplace jamais totalement verticalement, comme peut le faire le grimpereau, mais toujours un peu latéralement sur le tronc, elle monte en spirale. On peut la voir aussi quelquefois sur les murs. Contrairement aux pics et aux grimpereaux elle ne s’aide pas, pour grimper, de sa queue, qu’elle a d’ailleurs souple.

C’est un régal d’observer la sittelle, elle est constamment en activité à la recherche d’insectes, d’araignées, œufs ou de larves, de fourmis, de forficules… Elle les attrapes dans les fissures des troncs d’arbre ou en faisant sauter l’écorce. Elle est aussi capable d’attraper les insectes en vol. Elle se nourrit aussi de graines, surtout l’hiver : noisettes, faines, glands… Elle coince la noisette dans une fissure et éclate la coque avec son bec puissant. Elle cache un peu partout ses provisions et ne semble pas se souvenir de ses cachettes. Quand elle les retrouve c’est un peu par hasard.

Les couples de sittelles sont unis à vie. Au printemps, la recherche et la lutte pour trouver un trou ou nidifier est intense. Le nid est souvent fait dans une loge de pic, il peut s’agir également d’un nichoir artificiel. La femelle nettoie l’intérieur de la cavité puis la Sittelle torchepot maçonne l’entrée du nid à sa taille (environ 30 mm de diamètre) avec de la boue argileuse qu’elle ramène par petites boulettes, elle maçonne également toutes les fissures à l’intérieur du nid. C’est la femelle qui fait ce travail alors que monsieur chante aux alentours pour défendre son territoire. Ce travail évite la prédation et empêche l’étourneau ou le pic de prendre le nid.

De 6 à 8 œufs sont pondus en avril. En moyenne l’incubation dure quinze jours. La femelle couve seule, le mâle la nourrit. Après l’éclosion, les 2 parents nourrissent et évacuent les sacs fécaux, les jeunes sortent du nid plus de 3 semaines plus tard. Les secondes nichées sont très rares.

Un jeune sur deux arrive à l’âge d’un an. Les sittelles sont principalement prédatées par la Chouette hulotte et l’épervier. La durée de vie moyenne d’une Sittelle torchepot est de 3 ans.

Les populations de Sittelles torchepot sont probablement en augmentation. Elle est commune et largement répandue dans le Pas-de-Calais. Certains scientifiques pensent que le réchauffement climatique est plutôt favorable à la sittelle, les insectes sont plus présents en milieu boisé et les périodes de gel prolongé sont de plus en plus rares. Depuis quelques années, la sittelle colonise l’Écosse et le nord de l’Angleterre.

On peut installer des nids de sittelles dans les milieux arborés. Les sittelles viennent volontiers aux mangeoires l’hiver, si celle-ci sont proche d’un milieu boisé.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceST.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Christophe Deswartvaeger. Didier Plouchard, Aurélie Delaval, Simon Guegaden

A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.

Jean François

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