[Un jour, une espèce] L’Hirondelle rustique

Mardi 24 mars, huitième jour de confinement, une semaine déjà ! Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un oiseau qui annonce le printemps : l’Hirondelle rustique Hirundo rustica.

Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : le Noirqueue rouge n’existe pas, même en Australie).

À l’origine, le nom de l’hirondelle était aronde, du latin hirundo (l’ancienne marque de voiture française Simca avait un modèle appelé l’Aronde et le logo de la marque était une Hirondelle rustique). Puis l’Hirondelle rustique a été appelée Hirondelle de cheminée et quelque fois Hirondelle domestique. En allemand Rauchschwalbe la même racine en anglais Swallow et en italien Rondine.

« On peut supposer que dès les âges préhistoriques, l’oiseau s’est attaché aux demeures humaines : il était dans les cavernes – site originel, rarement occupé de nos jours – quand l’homme y est apparu ; il l’a accompagné plus tard dans ses huttes et ses chaumières ouvertes, puis dans les fermes et maisons actuelles. » P. Géroudet

Nous avons dans le Pas-de-Calais trois sortes d’hirondelles : l’Hirondelle rustique, l’Hirondelle de fenêtre qui fait son nid au coin des fenêtres et l’Hirondelle de rivage qui creuse son nid sur les berges ou dans des sablières. En France niche aussi l’Hirondelle des rochers et l’Hirondelle rousseline. Toutes sont migratrices, sauf l’Hirondelle des rochers qui reste de plus en plus souvent passer l’hiver dans le sud (j’ai vu en février cette année des Hirondelles de rocher en Savoie). Il existe également l’Hirondelle paludicole au Maroc ainsi que l’Hirondelle isabelline sud méditerranée. (Ces 2 dernières ne migrent pas). Le Martinet noir que l’on confond souvent avec elles, n’est pas une hirondelle.

L’Hirondelle rustique vit à la campagne, dans les fermes, les villages ou les petites villes. Migratrice, elle est chez nous en gros de fin mars à début octobre, elle passe l’hiver en Afrique. L’Hirondelle rustique fait son nid dans les granges, les garages, les étables, sous les ponts… Elle est strictement insectivore.

L’Hirondelle rustique est profilée pour la chasse aérienne. Elle a le dos bleu/noir avec des reflets métalliques, le dessous du corps blanchâtre, la tête et la gorge rousse, la queue très échancrée avec des petites taches blanches alignées à la base et de très longs filets. Elle se pose quelque fois à terre, par exemple pour ramasser de la boue, mais elle ne se déplace pas au sol, ses pattes étant trop courtes. Elle se repose sur les fils. Elle vole avec vitesse et élégance. (50 km/heure en migration mais avec des pointes à 200 km/heure en chasse)

Elle mange toutes sortes d’insectes volants : Diptères, mouches, taons, Lépidoptères, Hyménoptères… Par temps froid ou pluvieux elle chasse plutôt au ras du sol ou de l’eau. Elle crie, gazouille, siffle et fait des trilles, on dit de l’hirondelle qu’elle trisse.

L’Hirondelle rustique fait son nid dans un bâtiment où elle peut rentrer et sortir toute la journée : granges, étables, écuries, garages… C’est le mâle qui choisit l’emplacement du nid. Le couple construit le nid avec de la boue humide et de la paille liés avec leur salive. Contre une poutre ou un mur, le nid de l’Hirondelle rustique est une sphère ou une demi-sphère en forme de coupe ouverte sur le haut, près du plafond. La première ponte, souvent de 5 œufs, a lieu en avril. La femelle est seule à couver, elle sort régulièrement pour se nourrir. Le couple nourrit les jeunes (au début 100 fois par jour, jusqu’à 500 fois à la fin) et évacue les sacs fécaux pendant une quinzaine de jours, puis les jeunes font leurs fientes en dehors du nid, ce qui provoque évidemment des salissures que l’on peut éviter en mettant une planchette sous le nid. La mortalité des jeunes lors de la première année est supérieure à 75 % et monte quelque fois à 90 % ! Il y a 2 couvées successives, quelque fois 3.

L’Hirondelle rustique était il y a encore quelques dizaines d’années une espèce commune, globalement non menacée. Cependant, on note un déclin très marqué depuis les années 90. Les causes sont multiples. Sa dépendance vis à vis du bâti humain la rend vulnérable. Par exemple, la disparition des étables et écuries à l’ancienne la prive de ses sites de nidification traditionnels. Mais encore une fois, c’est la modification profonde des milieux agricoles : l’agriculture intensive et l’utilisation soutenue de pesticides de toutes sortes, qui est la principale cause de la disparition des hirondelles. Elle souffre aussi certaines années d’un printemps humide et froid. Elle est prédatée par le Faucon hobereau, l’épervier, la fouine et surtout le chat ! En Afrique, elle est encore chassée par l’homme et proposée en brochette pour les touristes ! L’imperméabilisation des sols et les grandes surfaces goudronnées la prive de boue pour fabriquer son nid. Quelque fois, les nids sont détruits par l’homme ! Même si évidemment c’est interdit, les hirondelles sont totalement protégées par la loi.

On peut aider l’Hirondelle rustique en mettant à sa disposition des nichoirs, en laissant des locaux ouverts : garages, remises… En faisant en sorte de laisser à proximité de la boue.  Pour la LPO 62, cette année encore est l’année de l’hirondelle. Si vous accueillez et protégez des hirondelles, contactez-nous !

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceHR.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Marcel Martel, Didier Plouchard, Serge Larivière, Aurélie Delaval

A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.

Jean François

L’erreur d’hier : en chasse l’hirondelle atteint 100 km/h, 200 km/h c’est la vitesse du martinet. Quant au record il est évidemment tenu par le Faucon pèlerin qui fait des pointes de vitesse à 390 km/h !

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