Dimanche 29 mars, treizième jour de confinement. Au lendemain de la date de l’Assemblée Générale prévue de la LPO 62. Je compte sur vous pour la future re-programmation de celle-ci ! Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un oiseau forestier : le Grosbec casse-noyaux Cocothraustes cocothraustes.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : vous étiez nombreux à la trouver : le chardonneret ne mange pas de petits pois)
Comme son nom l’indique le Grosbec casse-noyaux a un énorme bec. En italien beccogrosso, en allemand Kernbeisser=mord les noyaux, en espagnol picogordo, en anglais hawfinch finch=pinson et haw=fruit de l’aubépine. (D’autres passereaux ont des becs particuliers : le Durbec, le Bec-croisé des sapin ou le Pic décapsuleur).
Tsic… tsic… « Levons la tête, suivons les fûts élancés des grands arbres, cherchons dans l’enchevêtrement croissant des ramures jusqu’à leurs extrémités les plus fines, et tout là-haut nous trouverons les silhouettes massives des Grosbecs, presque roses dans le soleil et le ciel bleu. » Géroudet
On trouve le Grosbec casse-noyaux dans les forêts et les bois, pourvu qu’il y ait de vieux hêtres, charmes et chênes. On l’a beaucoup vu cet hiver dans le bois de Saint-Pierre à Auchel (refuge LPO) où il vient régulièrement à la mangeoire, avec beaucoup d’autres : sittelles, pinsons, verdiers, écureuils… Le gros-bec est sédentaire chez nous et migrateur dans l’Est de l’Europe.
Le grosbec est coloré comme un gros pinson, avec un gros cou musclé et un bec qui semble disproportionné par rapport à la tête. C’est un gros fringillidé (75 g), plus gros que le bouvreuil (32 g). Le grosbec assez farouche et vivant en haut des arbres passe souvent inaperçu, caché dans les feuilles. L’hiver et au printemps, il est un peu plus visible. On le repère à ses petits cris brefs et discret tsic… ptic… On peut le voir au sol, chercher quelques graines. Il est alors lourdaud et se déplace de façon un peu maladroite avec de drôles de petits sauts. Par contre il vole très bien, je trouve (impression toute personnelle) qu’il ressemble un peu en vol à un pélican miniature, avec ses larges ailes, son gros ventre et sa petite queue, bien-sûr le bec est moins long.
Les mandibules du Grosbec casse-noyaux développent une pression de plus de 50 kg ! Ce qui lui permet par exemple de casser des noyaux de cerises pour consommer l’amande qu’ils contiennent, pour faciliter cette opération l’intérieur du bec est strié. Il mange toute sortes de grosses graines, surtout ligneuses. L’été il mange des fruits pour les graines et pas pour la pulpe qu’il rejette. Les jeunes, comme souvent, sont nourris d’insectes et de petits invertébrés. Il vient facilement aux mangeoires l’hiver se gaver de graines de tournesol, il fait fuir à son arrivées les mésanges, sittelles et autres pinsons…
à Partir de mi-février, le mâle cherche sa dulcinée, mais madame l’accueille avec agressivité. Il lui fait la cour, se balance de gauche à droite, laisse traîner ses ailes, effectue de profondes révérences, cache son bec dans ses pattes… Cela dure presque deux mois. La femelle petit à petit est moins courroucée par les avances du mâle. Puis elle prend une attitude plus soumise, le couple, face à face, prend des postures communes, monte et descend la tête, jusqu’à l’offrande rituelle de nourriture par le mâle qui confirme enfin l’union. Nous sommes alors en avril.
Le nid construit par la femelle, un peu aidée du mâle, est fait de petites branches assemblées grossièrement, la coupe est garnie de lichen. Elle pond (un œuf par jour) et couve en général 5 œufs, le mâle lui apporte de la nourriture et la remplace quelques fois brièvement. Parfois, le nid est prédaté par l’écureuil, le geai, la pie ou la corneille… le succès de reproduction varie selon les années entre 50 et 80 %. Les jeunes sont nourris par les 2 parents : diptères, araignées et graines réduites en bouillie. Les œufs éclosent au bout de 15 jours après la première ponte et les jeunes s’envolent environ un mois après la ponte et restent encore dépendants pendant un mois. Ils ne quittent les parents qu’à l’été.
Les milieux forestiers, (s’ils sont bien gérés et ne sont pas surexploités), sont moins sensibles à la perte de biodiversité que les milieux agricoles, une petite éclaircie dans la sombre ambiance actuelle où rares sont les raisons d’espérer. Du fait de la difficulté d’observation, il est difficile d’estimer la densité du Grosbec casse-noyaux. Peu abondant, on estime sa densité à 2 couples par 10 ha, dans les bois où les forêts de feuillus qui lui conviennent. Il ne semble pas menacé actuellement. Sur les 20 dernières années, le grosbec est en augmentation modérée (données STOC Suivi Temporel des Oiseaux Communs).
Vous pouvez l’aider l’hiver, si vous êtes proches d’une zone boisée, en mettant à sa disposition des graines de tournesol noir, dont il est très friand de préférence sur une mangeoire plateau ou au sol.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceGB.pdf (On m’a signalé que certains d’entre-vous n’arrivent pas voir cette fiche. Si c’est le cas vous pouvez aller sur le site oiseauxdesjardins.fr, inscrivez-vous et mémorisez le mot de passe, profitez-en pour décrire votre jardin et effectuer des comptages)
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Didier Plouchard, Serge Larivière.
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
L’erreur : le Pic décapsuleur, n’existe pas, pourtant ça pourrait être pratique quand on se balade en forêt