Mercredi 8 avril, vingt-troisième jour de confinement. Cueillette d’orties pour la cuisine. Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau gris : la Mésange nonnette Poecile palustris.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : évidement le pouillot ne mange pas d’hélicoptère).
Le nom de la Mésange nonnette vient de sa couleur grise et de sa calotte noire qui fait penser à une nonne. En italien cincia bigia « mésange bise ». En espagnol carbonero palustre, en allemand Sumpfmeise « mésange des marécages »et en anglais marsh tit, ces trois langues rappellent les zones marécageuses. Le nom latin palustrice « palus »=marais.
La Mésange nonnette est sédentaire, elle vit dans les sous-bois, les parcs et les jardins, elle aime les vieux arbres et les zones humides, elle ne vient jamais en ville. Peu farouche, elle est curieuse et familière. La nonnette vient l’hiver aux mangeoires. On peut la confondre avec sa jumelle la Mésange boréale. On peut les reconnaître au chant, mais à vue c’est plus délicat, la Mésange nonnette a une tache blanche sous la narine (mandibule supérieure), les parotiques sont moins blanches, surtout à l’arrière, elle est plus fine, sa bavette noire est plus nette et moins étendue et sa calotte noire est plus brillante. Ceci dit, vous avez beaucoup plus de chance de voir une mésange nonnette qu’une mésange boréale. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. Comme la Mésange bleue, la nonnette est une petite mésange 11 grammes en moyenne. Le Pas-de-Calais est fréquenté par la sous espèce dresseri.
« Les -Mésanges grises-, toujours bien moins abondantes autour de nos maisons que les autres espèces ordinaires, s’en distinguent aisément par le manteau gris brun, la calotte noire et les joues blanches sans cadre. » Géroudet
Inséparable, on voit souvent la nonnette en couple. Elle est toujours active, nerveuse et vive. La Mésange nonnette est insectivore une bonne partie de l’année, mais à l’automne et l’hiver elle consomme beaucoup de graines : hêtres, avoine, tournesol, orties… En prévision, la nonnette cache beaucoup de graines, elle a bonne mémoire et une connaissance fine de son territoire.
Son chant « tii-tu tii-tu tii-tu » ou « oui-ta oui-ta ouita », rappelle un peu le chant bi-syllabique ou trisyllabique de la Mésange charbonnière. On l’entend principalement en début d’année, il devient beaucoup plus rare dès le mois de mai.
Le couple de nonnette semble uni pour la vie. La nonnette, comme toutes les religieuses, se reproduit en couvent et comme toutes les mésanges elle est cavernicole. Elle peut faire son nid dans un nichoir artificiel avec une petite ouverture de 26 mm. C’est la femelle qui garnit le nid : mousses, lichens, poils… les plumes dans le nid sont très rares. Elle pond en général en mai, 8 œufs en moyenne, blancs pur, très faiblement tachetés de rouge vin. La femelle seule couve pendant deux semaines. Les jeunes sont nourris pendant une vingtaine de jours. Une seconde ponte est rare. Plus de 80 % des œufs éclosent et plus de 70 % des jeunes s’envolent. Les nids sont souvent prédatés par le Pic épeiche. La durée de vie moyenne de la Mésange nonnette est de 6 ans, l’âge maximum connu est de onze ans et demi.
La Mésange nonnette semble peu menacée à l’heure actuelle. Elle bénéficie, comme beaucoup d’autres oiseaux, d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l’enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu’elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l’utiliser, de la détenir, de la vendre et de l’acheter.
Souvent au printemps, elle est victime des coupes forestières ! N’hésitez pas à nous signaler les coupes printanières.
Vous pouvez nourrir la Mésange nonnette, elle est friande de graines de tournesol.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceMNON.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Serge Larivière, Christophe Deswartvaeger, Marcel Martel, Didier Plouchard
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
L’erreur est la suivante: la nonnette ne se reproduit pas en couvent mais en couvant ! (quoi qu’en cherchant bien, elle doit couver dans les couvents arborés).