[Un jour, une espèce] La Chouette hulotte

Vendredi 24 avril, trente neuvième jour de confinement. Dans les jardins, les premiers merles sont nés, on retrouve la coquille de leurs beaux œufs bleus dans les pelouses. Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau débonnaire : la Chouette hulotte Strix aluco.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : Le nom draine ne vient pas de drainer, en fait on ne connaît pas son origine étymologique).

Le nom de la Chouette hulotte vient du hululement qu’elle pousse, on la surnomme également Chat-huant. En Allemand Wadkauz (chouette des bois) en anglais towny owl (chouette fauve) en espagnol cdrabo, en italien alloco.

« Grand tapage ce matin sur le toit de la vieille maison : des bergeronnettes, des rouges-queues, un pinson et même deux pies s’agitent et crient avec une fureur insolite. Le point de mire de leur hargne ? C’est sur la cheminée une belle chouette brune, qui tourne lentement sa grosse tête et ses yeux sombres ». Paul Géroudet

La Chouette hulotte est un rapace nocturne, de taille moyenne, de la famille des Caprimulgidés. Sédentaire, elle vit près de l’homme, près des fermes ou des bâtiments où elle se nourrit de souris ou de campagnols. On la trouve aussi dans les bois, les parcs… Elle niche dans les vieux chênes, dans les granges ou dans les nichoirs mis à disposition. Sa face est caractérisée par deux disques faciaux grisâtres et deux grands yeux noirs. Son plumage est de teinte variable, allant du gris au roux, rayé de sombre. Elle a les pattes et les doigts emplumés jusqu’à la base.

La journée, la Chouette hulotte somnole dans son gîte, ou dans un arbre, collée le long du tronc à la vue de tous, mais cependant invisible tant elle est camouflée dans sa tenue mimétique. La nuit, elle alterne les périodes de chasse, de repos et de chant. Elle chasse au vol, à faible hauteur, totalement silencieuse, ou à l’affût, ou encore en effectuant des vols stationnaires. Les proies sont tuées d’un coup et la plupart du temps avalées entières, les proies les plus importantes ou les oiseaux sont emmenées pour être plumés et dépecés. En cas d’abondance, la chouette fait des réserves dans un trou ou sur une branche. Le type de nourriture est très variable selon la saison et le biotope occupé. Une importante étude allemande sur 15 000 pelotes, ramassées au pied des postes de digestion, a révélé que l’alimentation de la hulotte est composée à 74% de mammifères, les oiseaux représentent 14 %, les batraciens 12 %, les campagnols composent à eux seul 46 % de l’alimentation de la Chouette hulotte. Les pelotes contiennent en moyenne 3 proies et la hulotte en recrache en général 2 en 24 h. On y trouve également des matières végétales, probablement ingérées en purge. Les invertébrés difficiles à estimer sont également nombreux : insectes, carabes, coléoptères, limaces, escargots, vers de terre… Elle contribue, comme les autres prédateurs, à l’équilibre naturel des territoires.

On peut entendre la Chouette hulotte chanter toute l’année mais plus particulièrement de novembre à avril. En fin d’année et jusqu’en février la femelle répond à l’appel du mâle. A part le chant, les parades amoureuses sont discrètes. C’est la femelle qui choisit l’emplacement du nid, en général elle s’installe dans le même site que l’année précédente : une cavité sur un chêne, une loge de pic, un nichoir artificiel, la charpente d’un bâtiment… La ponte a lieu en général tôt dans l’année, janvier, février, jusque mi-mars. Le nombre d’œufs est très variable, le plus souvent de 2 à 4, il dépend probablement des proies disponibles. Elle pond 1 œuf tous les deux ou trois jours, blanc, presque sphérique. La femelle couve et reste au nid, ne sortant que très peu. Elle est nourrie par le mâle. L’incubation dure plus de 7 semaines. Après l’éclosion, la femelle reste encore au nid pendant une dizaine de jours, elle nourrit les poussins avec les proies ramenées par le mâle qu’elle déchiquette. Elle ingère les fientes des petits. Passé ce temps, elle chasse avec le mâle pour nourrir les oisillons. Au bout de quatre semaines les jeunes déchirent eux même les proies. Souvent, un ou deux petits sont sacrifiés pour nourrir les plus vigoureux. Vers 5 semaines, les jeunes quittent le nid et se retrouvent au sol, c’est un moment critique mais les parents continuent à les nourrir. Pendant toute cette période, les Chouettes hulottes sont très agressives, elles attaquent violemment les prédateurs éventuels en frappant la tête et en visant les yeux, y compris de l’homme. La période de reproduction dure près de 5 mois. La réussite est faible, souvent une seule jeune chouette survit, quelque fois deux… La Chouette hulotte vit en moyenne 18 ans.

Les populations de hulottes sont stables, elle est le rapace nocturne le plus présent en Europe. Les causes de mortalité sont pourtant nombreuses. La Chouette hulotte est prédatée par le Hibou Grand- duc, l’Autour de palombe et la martre (ceci reste quand même marginal). Les collisions avec les voitures, les camions ou les trains sont nombreuses. Elles percutent parfois les lignes électriques. La Chouette hulotte est également très sensible aux hivers rigoureux. La suppression des haies et des arbres isolés, la transformation des prairies en culture, l’utilisation de pesticides agricoles… privent la Chouette hulotte de sites de nidification et de nourriture.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/chouette.hulotte.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les Rapaces d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard, Jessica Goudal.

A demain avec un oiseau mélodieux.

Jean François

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