[Un jour, une espèce] La Linotte mélodieuse

Samedi 25 avril, quarantième jour de confinement. Hier soir j’ai vu une pipistrelle qui chassait sous le ciel étoilé. Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau étourdi : la Linotte mélodieuse Carduelis cannabina.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : La Chouette hulotte ne fait pas partie de la famille des Caprimulgidés comme cet étrange oiseau qu’est l’engoulevent. Les chouettes sont toutes des Strigiformes).

Le nom de la Linotte mélodieuse vient du lin dont elle mange les graines, elle consomme aussi du cannabis d’où son nom en latin cannabina (chanvre). En allemand c’est Bluthänfling (Hanf=chanvre), en anglais Linnet (du français), en espagnol pardillo (moineau), en italien fanello  (hêtre dont elle mange les graines). On l’appelle aussi Linotte des vignes et chez nous Linot. On la dit écervelée d’où l’expression « tête de linotte »

« Quel plaisir d’entendre passer dans le ciel ses cris enjoués, de reconnaître au sommet d’un échalas le petit oiseau qui lance son chant admirable d’allégresse ». Paul Géroudet

La Linotte mélodieuse fait partie de la famille des Fringillidés. Elle est granivore et migratrice partielle. Elle niche dans les fourrés et les broussailles, se nourrit dans les vergers, les jardins et dans la campagne. Elle est grégaire et remuante, souvent les groupes s’envolent, tournent dans le ciel et viennent se reposer au même endroit. Le mâle arbore une tenue nuptiale magnifique, il a la tête grise et le front teinté de rouge, la poitrine et les flancs colorés de quantités variables de rouge cramoisi, le dos brun et une barre alaire blanche sur ses rémiges noires.

Les linottes se nourrissent souvent au sol en groupes plus ou moins importants, elles ne sont pas discrètes, elles s’activent, sautillent et sont sans cesse en train de s’appeler. Elles s’envolent toutes ensemble, les cris de contacts joyeux et enjoués semblent coordonner le groupe qui se repose dans le champ d’où il est parti ou sur un arbre, un buisson, les fils électriques… Toujours en continuant leur conversation gazouillante. Le soir, elles regagnent le bord de l’eau pour y passer la nuit.

Essentiellement granivore, elle consomme énormément de variétés de graines : colza, éteules, chardons, polygonacées, aulnes, pissenlits, bourses-à-Pasteur… ainsi que quelques insectes : larves, araignées… en période de nidification.

La linotte est souvent d’humeur à chanter, on peut l’entendre toute l’année mais particulièrement de mars à juillet. Elle chante en groupe ou isolée. La période de nidification inspire particulièrement le mâle qui se lance dans un doux gazouillis musical, ponctué de sons délicats, de notes flûtées et de trilles, le tout composant des roulades vives et variées. L’été, rassemblées au soleil qu’elles adorent, les linottes chantent en chœur, perchées sur un fil.

Les couples se forment en mars, les nicheurs cohabitent sans réelle possession territoriale et sans disputes. Il n’y a pas vraiment de parade nuptiale. C’est madame qui construit le nid accompagnée fidèlement par monsieur. Amoureuse et insouciante, elle s’affaire avec entrain dans la réalisation d’un petit nid bien fait au bord d’un buisson. Jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive (petite écervelée qu’elle est !) que le lieu est trop visible et trop exposé à la prédation. Qu’importe, elle l’abandonne, s’enfonce un peu plus dans le fourré et recommence le travail en récupérant quelquefois des éléments du premier nid. Ce comportement lui vaut le quolibet de tête de linotte. Le nid est soigné, le gros œuvre est composé de tiges sèches hérissées puis de mousses tressées de radicelles et matériaux plus fins, de plus en plus serrés, jusqu’à la coupe garnie de duvet, de brins de laine, de poils… Le plus souvent fin avril, elle pond 5 œufs au fond blanchâtre piqueté de brun. C’est elle seule qui couve, le mâle se promène avec ses copains et vient quelque fois la ravitailler. Elle abandonne le nid assez fréquemment pour aller se nourrir. L’incubation dure 12 jours, les petits sont nourris par les deux parents qui régurgitent des graines ou ramènent des petits insectes. Les oisillons séjournent au nid pendant environ 13 jours puis les parents les entraînent à trouver leur nourriture dans les près pendant une quinzaine de jour. Le temps est alors venu de construire un nouveau nid et de commencer une seconde nidification. 60 % des jeunes s’envolent, les nids sont prédatés par les corneilles, les belettes, les rongeurs et les chats. Les linottes ont une espérance de vie de 6 ans.

Les populations de Linottes mélodieuses connaissent un fort déclin depuis plus de vingt ans. Elle est classée sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine par l’UICN. Comme souvent, l’intensification de l’agriculture entraînant la destruction des haies et l’emploi intensif de produits phytosanitaire est la cause de la disparition des linottes.

Vous pouvez aider la linotte, comme beaucoup d’autres espèces, en laissant des friches, la végétation spontanée leur est très favorable. Vous pouvez aussi planter des haies. Mettre de petites graines l’hiver à disposition sur des mangeoires plateaux. Vous pouvez aussi parler aux agriculteurs que vous connaissez du programme « Des Terres et des Ailes » de la LPO (https://www.desterresetdesailes.fr/ ) qui a pour but d’accompagner l’agriculture traditionnelle dans la réalisation de petits gestes pour sauver la biodiversité.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceLM.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger. Serge Larivière, Simon Guegaden

A demain avec un oiseau cendré.

Jean François

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