Lundi 27 avril, quarantième jour de confinement (J -14). Il ne chante pas dans les branches mais l’escargot, lui aussi, est en pleine période de reproduction. Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau très famille : la Mésange à longue queue Aegithalos caudatus.
Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : le Héron cendré ne vit pas 50 ans mais une vingtaine d’années, ce qui est déjà pas mal).
La Mésange à longue queue a des problèmes d’identification ! Doit-on l’appeler Orite à longue queue ? En allemand on la nomme Schwanzmeise (mésange à longue queue), en italien cincia codona (mésange harelde, l’Harelde boréale est un canard à longue queue), en espagnol teta cola larga (mésange à longue queue) et en anglais longtailed tit (mésange à longue queue). On l’appelle aussi : tupinet, poupette ou maintenant Orite longicaude.
« à la lisière d’un bois, glacée de silence hivernal, hantée par le Rougegorge solitaire et le Merle qui gonfle ses plumes, de menus cris de souris fins et pressés, un peu vibrants, se rapprochent : la caravane des Mésanges à longue queue chemine dans les raineaux. » Paul Géroudet
La Mésange à longue queue a longtemps été classé dans la famille des mésanges et des Paridés. Maintenant, elle est classée à juste titre dans la famille des Aegithalidés (dont elle est la seule représentante en Europe). En effet, même si l’étude de l’ADN montre que les deux familles sont très proches, la Mésange à longue queue a une biologie et un comportement différents ses nombreuses cousines : bleues, charbonnières, huppées… Par exemple, elle fabrique son nid dans les buissons et n’est pas cavernicole, ou alors elle consomme sa nourriture sans la tenir avec ses pattes. Alors doit-on l’appeler mésange ou orite ? Le débat fait rage ! Pour ma part, je me range du côté mésange et de la tradition orale, même si biologiquement elle n’est pas proche des mésanges proprement dites. (le même problème de classification s’est posé pour la rare Rémiz penduline ou la Panure à moustache).
La Mésange à longue queue est sédentaire, elle fait son nid dans les arbustes, elle vit en groupe, elle est très active et peu farouche. On la voit dans les jardins, les parcs, les bois… La mésange à longue queue est une petite boule avec une très longue queue, elle est dans les tons rosés avec sur la tête une raie sommitale blanche et des raies latérales noires.
C’est surtout à la mauvaise saison que l’on remarque la Mésange à longue queue. Elle se déplace en groupe d’une dizaine d’individus (quelquefois plus), souvent accompagnées de roitelets, d’autre mésanges ou de grimpereaux qui apprécient le caractère et la sociabilité de l’orite. Elles vagabondent de haies en arbres, le long des chemins ou des parcs, pour chasser la nourriture. Chaque jour, elles réalisent le même circuit de plusieurs kilomètres (entre 7 et 8) autour de leur dortoir, qu’elles rejoignent le soir pour passer la nuit collées les unes aux autres, se protégeant du froid en se recouvrant de leurs ailes, elles forment une boule dont seules les queues dépassent. En déplacement, elles sont en contact incessant par des petits cris : ssi, tititi, trsirr… C’est souvent ces cris qui font qu’on les remarque. La Mésange à longue queue est insectivore : pucerons, Coléoptères, œufs, araignées, nymphes, charançons, chenilles, fourmis… à la fin de l’hiver, les bandes ont souvent perdu près d’un tiers de leurs effectifs.
En février/mars, les couples se forment, dans le même secteur que celui des balades hivernales. Il n’y a pas de dispute territoriale, en fait pour cet oiseau grégaire le territoire est plus une représentation sociale de l’espace occupé par le groupe. Le mâle et la femelle construisent ensemble le nid, c’est un travail important qui prend entre deux et trois semaines. Le mâle transporte les matériaux et madame les dispose. Le nid terminé est un petit bijou de douceur et de tendresse. Il est assez spacieux pour ce petit oiseau, le nid ovoïde a une hauteur d’environ 14 cm pour une largeur de dix avec une ouverture supérieure latérale sur la coupe interne d’une dizaine de centimètres. Extérieurement, il est camouflé et couvert de lichens ou de copeaux, la base de la coupe est faite de mousses recouvertes d’un épais matelas de plumes, on en compte souvent plus de 800, et chacune a demandé un voyage pour rejoindre le nid. Fin mars début avril, la ponte a lieu, une dizaine d’œufs en moyenne, jaunâtres légèrement tachetés. C’est principalement la femelle qui couve pendant une quinzaine de jours, le mâle la rejoint au nid pour passer la nuit (le mâle n’a pas de plaque incubatrice). Les deux parents nourrissent pendant quinze jours, souvent aidés dans leur tâche par la famille : oncles, tantes et cousins (500 allers-retours par jours). Les nids sont souvent prédatés, geais, pies, écureuils, chats… Les couvées de remplacement sont fréquentes. Seuls 10 à 30 % des jeunes s’envolent du nid. En mai, les jeunes commencent à vagabonder avec le clan familial. L’orite a une espérance de vie de 8 ans.
La mésange à longue queue n’est pas une espèce en danger, mais la dégradation des haies et de son habitat est une menace pour l’espèce. Elle fréquente les arbustes des jardins l’hiver, mais ne vient pas aux mangeoires, par contre elle s’intéresse aux boules de graisse.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceMLQ.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger, Jessica Goudal, Simon Guegaden, Marcel Martel, Serge Larivière
A demain avec un oiseau qui fait peur !
Jean François
