[Un jour, une espèce] La Perruche à collier

Dimanche 12 avril, vingt-septième jour de confinement. Noël au balcon, Pâques… confinons. Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau exotique : la Perruche à collier Psittacula kremeri.

Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : l’œuf du gobe-mouche ne pèse pas 10 g mais 1,8 g en moyenne).

Le nom perruche vient de l’ancien français perrique, petit perroquet. En allemand Sittich de psittacus, perroquet. En anglais parakeet, en espagnol periquito, en italien parrochetto.

La Perruche à collier est une espèce EEE (Espèce Exotique Envahissante), elle est originaire du sud de l’Asie, des îles Tonga et d’Afrique subsaharienne. Échappée de captivité ou introduite en Europe, elle est maintenant férale (espèce domestique retournée à l’état sauvage) dans de nombreux pays dont la France. La Perruche à collier est vert émeraude avec un bec rouge et un œil cerclé de rouge. Le mâle a un collier rosé/rouge, bordé de noir et une bavette noire. Dans les pays colonisés, elle est sédentaire.

« Vision insolite dans notre environnement, cette grande perruche verte à longue queue étagée se signale par des cris stridents et répétés, kiêk… kièk… kièk… kiak… kiak…ak-ak-ak-ak… » Géroudet

A l’origine, elle s’est échappée de volières privées ou de parcs zoologiques, ou alors on l’a relâchée délibérément. Elle s’est parfaitement adaptée à notre environnement en faisant preuve d’une grande plasticité écologique. Elle supporte nos hivers et elle a commencé à se répandre un peu partout en Europe. On la trouve pour la première fois à la fin des années 60 dans les grands jardins de Londres. Elle s’installe ensuite très vite à Anvers, Bruxelles, Amsterdam, Cologne, Madrid… En France on la signale dans les années 80 dans l’Est, après 2000 à Paris, Nancy, Grenoble, Toulouse et depuis 2010 à Lille, Dunkerque, Boulogne…

La Perruche à collier est très grégaire. Elle est souvent bruyante, son cri est perçant, on la dit aussi capable d’imitations, y compris de mots humains. Elle se réunit en grands groupes pour dormir à la cime des arbres, pour se nourrir, pour s’abreuver… Frugivore, granivore et opportuniste, elle se nourrit de fruits : pommes, prunes, cerises… et de bourgeons, faînes, marrons d’Inde, maïs… La Perruche à collier vient aussi aux fenêtres des maisons ou aux mangeoires pour profiter des graines ou du pain que l’on met à sa disposition. Elle est parfois chassée quand elle s’abat en gros groupes dans un potager ou sur un cerisier. Elle peut occasionner en effet des dégâts dans les vergers, au même titre que les étourneaux, ou les grives, mais elle est beaucoup plus visible et plus bruyante. Elle est donc plus facilement accusée.

Anthropophile, la Perruche à collier s’installe de préférence à la périphérie des grandes villes, dans les parcs, les vergers. Elle niche dans des cavités de grands arbres comme les étourneaux, les pics, les chouettes ou les choucas… (quelque fois dans des bâtiments). La reproduction a lieu entre janvier et mai. Il y a une seule nichée par an. La femelle seule couve trois ou quatre œufs, tout blancs, pendant plus de trois semaines. Les deux parents nourrissent longuement les jeunes, pendant une cinquantaine de jours. Les jeunes sont indépendants au bout de six mois et ils n’atteignent la maturité sexuelle qu’à l’age de trois ans. Globalement, la reproduction de la Perruche à collier est plutôt faible mais sa durée de vie relativement longue, 25 ans en moyenne.

Le conseil scientifique et technique de la LPO a étudié les impacts de la perruche sur les autres espèces autochtones. Il considère que l’impact de la Perruche à collier est pour l’instant faible et peu significatif « Elle peut occasionner des déprédations de bâtiments et elle est soupçonnée de dégâts sur les arbres fruitiers et d’ornement… » (L’oiseau mag automne 2019). Elle entre cependant en concurrence avec les espèces cavernicoles locales pour la possession des cavités de reproduction.

La Perruche à collier est belle, peu farouche, elle n’hésite pas à venir près de l’homme pour se nourrir. Dans les pays d’où elle vient, elle a mauvaise réputation pour les dégâts qu’elle occasionne sur les cultures. Elle est en augmentation dans la périphérie des grosses agglomérations urbaines, comme Lille (environ 2500 nicheurs). On en rencontre encore peu dans le Pas-de-Calais. Même si elles ne nuisent pas aux autres oiseaux, nous vous conseillons d’éviter de favoriser son implantation en la nourrissant par exemple.

Beaucoup d’autres espèces, végétales ou animales, sont classées EEE avec un impact quelquefois très négatif sur les espèces locales, mais aussi parfois des effets positifs. Bref ce n’est pas si simple que ça en a l’air. En France, plusieurs oiseaux sont concernés : l’Ibis sacré, l’érismature rousse, l’Ouette d’Égypte, la Bernache du Canada et la Perruche à collier. L’Oiseau Mag (revue de la LPO) a publié un excellent dossier sur les Espèces Exotiques Envahissante en septembre 2019.

https://www.oiseaux.net/oiseaux/perruche.a.collier.html

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Damien Vilotta

A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.

Jean François

Erreur: il n’y a jamais eu de Perruche à collier aux îles Tong

Les commentaires sont clos.