Mardi 14 avril, vingt-neuvième jour de confinement. Entendrons-nous cette année la ritournelle du rossignol ? Il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec l’oiseau du « Saint-Esprit » : le Faucon crécerelle Falco tinnunculus.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (l’erreur d’hier : le geai miaule mais n’aboie pas, même quand il voit un chien).
Le nom faucon vient du latin falx = faux par analogie à la forme des ailes, crécerelle vient du chant de ce faucon qui ressemble au son d’une crécelle. En latin tinnunculus signifie crécerelle. En allemand Turmflake Turm = tour (le crécerelle niche sur les tours), en anglais kestrel vient du français, en espagnol cernicalo vient de cerniculum = tamis à cause du balancement des ailes, en italien gheppio vient du grec aigupios = vautour.
« Cet oiseau est le plus ubiquiste des rapaces diurnes : il niche dans des arbres isolés, des bosquets, des bâtiments, des parois rocheuses, régulièrement dans les villes ; il n’hésite pas à s’installer dans de grandes agglomérations… » Deliry
Le Faucon crécerelle est un petit rapace diurne de la famille des falconidés. On le voit dans les milieux ouverts et peu boisées, le long des routes, dans les prés et les champs, carnivore, il se nourrit de petits rongeurs ou d’insectes, il chasse à l’affût. Le dimorphisme sexuel de l’espèce est important : le mâle, plus petit (comme souvent chez les rapaces) a une tête grise, le manteau et le dos roux tacheté de noir, le dessous chamois tacheté de noir, la femelle a la tête rousse striée de brun, le manteau et le dos roux tacheté de noir plus intensément, son envergure est de 1 mètre 20. Sédentaire chez nous, il est migrateur dans le Nord-Est de l’Europe.
On voit souvent le Faucon crécerelle en vol « Saint-Esprit » : il vole face au vent, sur place avec la queue déployée en éventail, en battant très rapidement des ailes. Il repère comme ça ses proies et les capture en vol piqué. Il chasse également à l’affût sur un piquet ou un pylône.
Le Faucon crécerelle est un solitaire. Très territorial, il passe beaucoup de temps dans les parades nuptiales, pour séduire une partenaire mais aussi pour défendre son territoire. Les parades ont lieu les trois premiers mois de l’année. à cette occasion, il émet de façon un peu hésitante et timide, un chant aux notes liées, des séries de : kyi kyi kyi kyi kyi rappelant un peu le son d’une crécerelle. Très fidèle à son lieu de nidification, Il vole longuement en effectuant des arabesques au-dessus de son nid. Il séduit madame en lui offrant des proies.
Le Faucon crécerelle ne construit pas de nid. Il niche dans des cavités, sur des bâtiments (jamais à l’intérieur), dans d’anciens nids de corneilles ou de pies. Avant l’incendie le Faucon crécerelle nichait sur la cathédrale Notre Dame à Paris, il niche encore sur l’Arc de triomphe. La ponte a lieu fin avril (période où la nourriture est la plus disponible), c’est principalement la femelle qui couve, le mâle lui apporte des proies. Les 4 ou 5 œufs sont crèmes tachées de brun roux, l’incubation dure quatre semaines. Les jeunes sont nourris par le couple, ils quittent le nid au bout d’un mois. Les parents continuent à nourrir assez longuement tout en leur apprenant à chasser par eux-mêmes. Les secondes nichées sont extrêmement rares. Le pourcentage de réussite de la nidification est de 75 %. Cependant le taux de mortalité la première année est de 65 %. La durée de vie maximale observée est de 23 ans, mais on estime l’âge moyen de mortalité à 7 ans.
Le Faucon crécerelle est un précieux auxiliaire des agriculteurs, il se nourrit principalement de micromammifères : campagnols, souris, mulots, petits rats… la consommation estimée est de 4 à 8 micromammifères par jour. Il consomme aussi des insectes ou des vers de terre.
Le Faucon crécerelle est avec la Buse variable l’espèce de rapace la plus représentée en France. Les populations de Faucons crécerelle sont en déclin dans toute l’Europe, la population française est la population la plus importante du continent. On estime le déclin de l’espèce à – 46 % entre 1989 et 2005 (programme STOC).
La baisse des effectifs de Faucon crécerelle est due à la dégradation des habitats de l’espèce, à la disparition des friches, des prairies et au développement de la monoculture. Tous ces facteurs induisent une diminution en qualité et quantité de la nourriture du crécerelle. L’utilisation des produits phytosanitaires est aussi un problème. Le Faucon crécerelle est également victime de braconniers qui les tirent.
Pour aider le Faucon crécerelle, vous pouvez installer un nichoir (une simple caisse avec quelques petits cailloux ronds dans le fond) à une bonne hauteur sur un bâtiment ou un pylône. La LPO Pas-de-Calais a un programme d’installation de nichoirs pour les Faucons crécerelle avec la société Enedis pour l’installation sur des pylônes électriques.
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceFCv2.pdf
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les rapaces d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière, Didier Plouchard, Marcel Martel
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien.
Jean François
L’erreur : l’envergure du Faucon crécerelle est de 78 cm pour la femelle et pas 1,2 m