[Un jour, une espèce] Le Roitelet huppé

Mercredi 29 avril, quarante deuxième jour de confinement (J -12). Je n’ai pas encore vu de Martinet noir, mais je pense que ça ne devrait pas tarder. Il nous reste quelques oiseaux !

Comme il faut bien s’occuper, je vais vous proposer de vous envoler aujourd’hui avec un oiseau punk : le Roitelet huppé Regulus regulus.

Attention : comme hier, une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (L’erreur d’hier : les pelotes de réjection de l’effraie ne sont évidemment pas bleues. En plus de cette erreur, moi qui ne me trompe que rarement -mon épouse peut en témoigner- je me suis trompé, involontairement personne n’est parfait, sur la famille de l’effraie qui est de l’ordre des Strigiformes et de la famille des Tytonidés, merci à Grégory Place).

Le Roitelet huppé est un petit roi huppé. En allemand Goldhähnchen (petit coq doré d’hiver), en anglais Goldcrest (crête d’or), en espagnol reyezuelo, en italien regolo, petit roi pour les deux langues.

« Son titre est évident ; il est roi, puisque la nature lui a donné une couronne, et le diminutif ne convient à aucun autre de nos oiseaux d’Europe autant qu’à celui-ci, puisqu’il est les plus petit de tous. » Georges-Louis Leclerc de Buffon

Le Roitelet huppé fait partie de la famille des Régulidés, c’est le plus petit oiseau d’Europe, 5 grammes. On le trouve dans les conifères, les jardins, les parcs ou les bois. Il est sédentaire chez nous et migrateur très au Nord de l’Europe. C’est un insectivore, peu farouche. Il a le plumage assez terne gris/beige et vert mousse, une raie sommitale, jaune pour la femelle, orangée pour le mâle, sur la tête entourée de deux raies latérales noires.

Dans le Pas-de-Calais, on peut rencontrer deux roitelets : le huppé et le triple bandeau. Ils se ressemblent beaucoup et biologiquement sont très proches. Ils apprécient les conifères qui leur offrent gîte et couvert. Pour que l’espèce perdure, ils ont deux nichées par an d’une dizaine d’œufs et environ 14 petits à l’envol chaque année, il faut au moins ça pour résister à l’hiver quand on pèse le poids d’une pièce de 20 centimes d’euro. à la mauvaise saison, ils accompagnent souvent les Mésanges à longue queue dans leur ronde journalière. 

Le Roitelet huppé a une voix suraiguë et peu sonore, son chant est semblable à une ondulation avec une finale plus énergique « Tout petit, tout petit, tout petit je suis ! ». Il chante toute l’année, sauf en juillet pendant la mue et en fin d’automne.

Le roitelet est un hyperactif, il consomme chaque jour son poids en très petits insectes. En hiver, ça lui prend la journée : collemboles, éphémères, planipennes, œufs, chrysalides, cocons… qu’il trouve dans les arbres et sur les troncs. Le Roitelet huppé est capable de voler sur de longues distances, l’hiver viennent chez nous des roitelets du nord de la Norvège ou de la Finlande, pour un si petit oiseau c’est remarquable.

Les roitelets vivent dans les endroits boisés avec une majorité de conifères. Les couples se forment en mars, la parade nuptiale est remarquable, le mâle marque son territoire en chantant. Danse et se trémousse devant madame, fait onduler sa crête orangée qu’il hausse et redescend genre punk. Le nid est fait essentiellement de mousses et de lichens tissés avec de la soie d’araignée et de plumes ou de poils, il est construit par le couple, cela prend plus de deux semaines. Le nid est fixé solidement à bonne hauteur dans les arbres (souvent plus de 15 mètres). Fin avril début mai, entre 6 et 13 œufs sont pondus (le plus souvent 8 à 10), les œufs sont blancs avec des petits points noirs, ils pèsent 0,7 grammes. L’incubation assurée par la femelle dure 15 jours, le mâle vient la nourrir au gîte. Les deux parents nourrissent pendant deux ou trois semaines. Une seconde couvée est systématique. Le pourcentage de réussite est de plus de 70 %. La durée de vie moyenne du roitelet est de 21 mois, rarement trois ans. Le froid est un ennemi fatal et le vent peut secouer beaucoup ce petit oiseau de quelques grammes. Heureusement le roitelet n’a pas beaucoup de prédateur, l’épervier ne le chasse pas.

Le Roitelet huppé n’est pas une espèce menacée. La neige ne le dérange pas trop, mais il est très vulnérable aux hivers longs et froids qui déciment de nombreux individus. Le verglas qui tombe sur les arbres peut le priver de nourriture. Cependant la reproduction importante fait vite remonter les effectifs.

Le roitelet accompagnant les Mésanges à longues queues peut venir vers les mangeoires ou les boules de graisse l’hiver. Il peut vivre dans votre jardin si vous avez de grands conifères, surtout des épicéas.

https://cdnfiles1.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/Fichesespces/FicheespceRH.pdf

Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, Les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.

Crédit photo : Didier Plouchard. Christophe Deswartvaeger, Serge Larivière.

A demain avec un oiseau tout blanc.

Jean François

Les commentaires sont clos.