Vendredi 20 mars, quatrième jour de confinement, aujourd’hui c’est le printemps et il nous reste quelques oiseaux !
Comme il faut bien s’occuper, je vous propose aujourd’hui de vous envoler avec un oiseau ayant une mauvaise réputation : la Pie bavarde Pica pica.
Attention : comme hier une erreur malencontreuse s’est glissée dans le texte, saurez-vous la trouver ? (Hier l’erreur venait de l’inventeur de la classification des espèces qui n’est pas Buffon mais son contemporain suédois Linné). Aujourd’hui, c’est plus facile !
En latin le nom masculin pica désigne la pie, le même nom au féminin picus désigne le pic ! En anglais, c’est magie (Mag étant le diminutif de Marguerite) et en vieux français on l’appelait Jaquette, jacqueter vient de là. En patois picard, on l’appelle agache, le nom de famille Lagache assez répandu dans le Pas-de-Calais en dérive. Le nom gazette vient aussi de la Pie, en Italie la gazzetta (petite pie) était un journal que l’on payait avec une pièce sur laquelle figurait une pie. Un cheval pie a un pelage noir et blanc comme la Pie. En grande soirée on met un habit queue-de-pie plus long dans le dos que devant, en allemand on dit « Schwalbenschwanz » queue d’hirondelle.
Elle est la vedette avec Tintin de l’album d’Hergé « Les bijoux de la Castafiore » et de l’opéra de Rossini « La pie voleuse ».
« Voyante et bruyante, élégante aussi avec son plumage noir et blanc et sa longue queue étagée à reflets métalliques, la Pie attire l’attention et se présente elle-même. » P. Géroudet
La Pie bavarde fait partie de la famille des Corvidés. Il existe une autre espèce de pie en Espagne : la Pie bleue. La pie américaine est bleue, blanche et rouge.
Elle habite de moins en moins la campagne, on la trouve le plus souvent en ville dans les parcs et les jardins, elle fréquente aussi les bois. Elle se rassemble quelque fois en groupes bavards. Elle n’est pas farouche mais prudente. Elle construit en haut des arbres un gros nid de brindilles recouvert d’un toit. La construction de ce « château fort » prend au couple 4 semaines.
Comme tous les corvidés, elle souffre d’une image négative. Elle est même rangée dans les ESOD ! Animaux Susceptible d’Occasionner des Dégâts, avant on disait « nuisibles ». Pourtant la Pie bavarde est un oiseau intelligent, son cerveau est proportionnellement plus important que celui de beaucoup d’autres oiseaux. Elle mémorise bien son environnement, là où elle peut trouver à manger et elle se souvient des cachettes où elle a pu accumuler de la nourriture. Elle possède une capacité d’apprentissage et elle sait s’adapter à de nombreux changements de l’environnement. Elle est capable de stratégie de groupe face à un prédateur comme le chat par exemple. La pie est le premier des oiseaux à avoir été (pour certains spécimens) capable d’avoir conscience de se voir dans un miroir, dans le fameux « test du miroir » pratiqué par les éthologues et réputé démontrer une conscience de soi.
Elle a la réputation d’être voleuse, elle serait attirée par les objets brillants quelle ramènerait dans son nid. Une étude de l’Université d’Exeter en Angleterre a démontré que non seulement les pies ne sont pas attirées par les objets brillants mais qu’au contraire elles en ont peur. La Pie bavarde n’est pas voleuse et le mythe ne repose sur aucune preuve solide.
Enfin bref, la Pie bavarde mérite plus d’attention et de respect, pour son intelligence, l’originalité de son nid et la délicatesse de son plumage.
La Pie bavarde se nourrit souvent au sol. Elle est omnivore, mais elle est avant tout un prédateur.
Comme la Corneille noire, elle est volontiers nécrophage. Elle peut profiter des animaux
tués sur la route. Elle fréquente aussi régulièrement, avec d’autres corvidés,
les décharges et autres centres d’enfouissement qui recueillent des denrées
comestibles, les aires de pique-nique, les parcs publics, les zones
touristiques, tous endroits où elle peut récupérer des restes de repas. Elle
cache régulièrement les surplus d’aliments pour les jours de pénurie.
La Pie bavarde est commune. Elle n’est
pas menacée. Son problème en France est sa
mauvaise réputation. Sans raison scientifiquement prouvée, elle est classée
« ESOD » et peut donc être tirée sans restriction. Malgré cela, ses
populations se portent bien car elle est intelligente, donc pas facile à tirer.
Il serait souhaitable que les mentalités évoluent, même dans le monde de la
chasse, que la notion de « nuisible » évolue dans les esprits et que
les comportements changent dans le bon sens.
En milieu urbain, elle se sent plus en sécurité, même
si à la campagne, les cultures lui procurent des opportunités alimentaires.
Sources : Guide ornitho, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux de Henriette Walter, les Passereaux d’Europe de Paul Géroudet, Oiseaux.net.
Crédit photo : Marcel Martel, Serge Larivière, Christophe Deswartvaeger
A demain avec un autre volatile, portez-vous bien
Jean François
L’erreur était la couleur de la Pie d’ Amérique : elle est très semblable à la Pie bavarde et n’a pas la couleur du drapeau américain